“Lettres d’Ogura”, une vie au ralenti
Hubert Delahaye observe dans ce récit le quotidien des derniers habitants d'un village rural où le temps n’est pas si figé qu’il n’y paraît.

© L'asiathèque
« Il n’y a pas de rue à Ogura, il n’y a que l’unique petite route qui se termine au fond de la vallée, au fond d’un interminable escalier de pierre. » Pourtant, c’est dans ce petit village niché au cœur d’un vallon au pied d’une montagne des environs de Kyoto que Hubert Delahaye a choisi d’installer son récit épistolaire. Une vingtaine de maisons, quelques habitants et surtout un art de vivre où le collectif et la connexion avec la nature sont des valeurs cardinales, voilà comment pourrait être décrit Ogura.
Hubert Delahaye est attaché à la chaire histoire sociale et intellectuelle de la Chine au Collège de France, mais aussi maître de conférences aux instituts d’Extrême-Orient. Lettres d’Ogura est son premier ouvrage consacré au Japon.
Un hommage aux temps révolu et présent
Dans ce récit qui prend la forme de lettres mais sans aucun destinataire connu, l’auteur permet une immersion dans un Japon rural, où l’on serait tenté de dire que le temps s’est arrêté. Pourtant il n’en est rien. Le temps continue sa course, les jours qui se suivent sont autant d’occasions pour les habitants d’Ogura de perpétuer leurs rituels, de rendre hommage à la nature, aux disparus, et de contempler avec fascination le changement de saison. Si Ogura est essentiellement peuplé de personnes âgées, il serait réducteur de cantonner ce récit à une photographie d’un monde en train de disparaître avec ses derniers ambassadeurs.
Le rythme de vie y est certes plus lent et contemplatif que dans les aires urbaines, mais les préoccupations des habitants d’Ogura sont souvent identiques à celles de leurs concitoyens vivant en ville : changement climatique, entraide sociale, liens entre générations… Le pouls d’Ogura bat toujours, plus lentement qu’à son âge d’or lorsque le village était bien plus peuplé, mais il permet de donner à voir quelques merveilles de la nature et d’humanité, à côté desquelles un corps trop pressé risquerait de passer sans y prendre gare.
Lettres d’Ogura (2017), un livre de Hubert Delahaye publié aux éditions l’Asiathèque.
LES PLUS POPULAIRES
-
« Le Mingei reste toujours insaisissable, cent ans après sa naissance »
Sō Sakamoto est un potier d’Onta-yaki, une forme de céramique datant du XVIIIe siècle mise en avant par Sōetsu Yanagi, fondateur du Mingei.
-
« C’est un plaisir sincère que mes objets soient reconnus comme appartenant au cercle du Mingei »
Les couverts de laiton soigneusement façonnés par Ruka Kikuchi dans son atelier de Setouchi sont appréciés dans tout le Japon et ailleurs.
-
« On dit souvent qu’il faut apprendre de ses échecs… mais est-ce vraiment si simple ? »
Dans “Guide de survie en société d'un anti-conformiste”, l'auteur Satoshi Ogawa partage ses stratégies pour affronter le quotidien.
-
Du Japon vers le monde, des photographes appelés à s’imposer à l’international
Le T3 PHOTO FESTIVAL 2025 expose cinq photographes japonais émergents et confirmés, afin de soutenir leur rayonnement à l’étranger.
-
En France, le design métallique épuré des années 1980 et la mode streetwear masculine des années 1990 ont le vent en poupe
Deux lieux offrent un regard renouvelé sur le vintage français, des pièces de mobilier de Remix Gallery aux trouvailles mode de Demain Rétro.




