David Bowie habillé par Kansai Yamamoto
Le chanteur anglais, fortement influencé par le théâtre “kabuki”, a choisi le designer japonais comme costumier dans les années 1970.
David Bowie et Kansai Yamamoto, 1973. Photographie de Masayoshi Sukita.
Une combinaison de vinyle noire aux jambes larges rayées de blanc, une cape blanche recouverte de kanji, ou encore une tenue bleue, noire et rouge, adaptation des pantalons amples portés par les samouraïs… Les tenues de scènes de David Bowie ont, en plus de cette extravagance dont raffolait l’artiste androgyne, une véritable inspiration nippone. Et pour cause, derrière ces atours se cache Kansai Yamamoto.
« David était un avant-gardiste, il faisait des vagues dans le paysage musical de l’époque. Son énergie résonnait avec mon propre désir d’aventure », confie le créateur dans une interview au magazine The Cut.
Brouiller les frontières du genre
La rencontre entre les deux hommes a lieu en 1971 après le premier défilé à l’étranger du Japonais qui met en scène des mannequins défilant en mimant des mouvements de kabuki. Le chanteur, impressionné par l’exercice, le contacte et lui demande de prendre les commandes des créations vestimentaires de sa tournée au Royaume-Uni en 1973, puis de la suivante aux États-Unis. C’est à ce moment-là que la complicité entre les deux hommes est capturée par le photographe Masayoshi Sukita.
Mais la rencontre avec Kansai Yamamoto n’est pas la première incursion dans la culture japonaise de Bowie. Dans les années 1960, il étudie la danse avec Lindsay Kemp, danseur et performeur britannique dont le travail est influencé par le kabuki. Costumes travaillés et maquillages prononcés, le jeune David Bowie trouvera un écho à sa passion d’entrelacement des genres dans les onnagata, ces acteurs de kabuki masculins endossant les rôles féminins sur scène. Du kabuki, il empruntera aussi la technique dite hayagawari, qui consiste à un changement rapide de tenue sur scène.
Enfin, on peut noter le petit clin d’oeil de Bowie aux envolées stylistiques japonaises dans sa chanson “Ziggy Stardust” :
« Ziggy really sang, screwed up eyes and screwed down hairdo
Like some cat from Japan, he could lick ’em by smiling
He could leave ’em to hang
Came on so loaded man, well hung and snow white tan. »
Masayoshi Sukita avait sorti en 2012 une édition collector de ses clichés de David Bowie, le livre Speed of Life édité par Genesis Publications. Plus d’informations sur le site internet du photographe.
Costume de scène “KABUKI” de Kansai Yamamoto pour David Bowie, 1973. Photographie de Masayoshi Sukita.
© Kansai Yamamoto, Inc
© Kansai Yamamoto, Inc
© Kansai Yamamoto, Inc
Costume de scène “WOODLAND Creatures in white cloak" pour David Bowie, 1973. Photographie de Masayoshi Sukita.
LES PLUS POPULAIRES
-
Recette d'“okayu” issue du film “Princesse Mononoké”
Cette soupe de riz assaisonnée avec du miso est servie par un moine à Ashitaka, un des héros du long métrage de Hayao Miyazaki.
-
Un jardin pittoresque niché au coeur du musée d’art d’Adachi
Conçu selon la technique dite du “shakkei” cet espace vert est lauréat, depuis 2002, du titre du plus beau jardin du Japon.
-
L'audace d'après-guerre du mouvement japonais Gutai
Ce courant incarne le renouveau de l'art japonais en apportant une importance considérable aux matériaux et à la performance.
-
Les origines de la Itajime Shirt d’Issey Miyake
Du nom d'une technique de teinture kyotoïte, cette chemise met à profit les techniques de plissé du créateur pour un rendu coloré d'exception.
-
KAORUKO, représenter la féminité japonaise
Ancienne pop star et idole des adolescentes japonaises, cette artiste exprime aujourd’hui sa vision de la femme à travers la peinture.