Le designer Ryunosuke Okazaki assemble science-fiction et mythologie

Les vêtements futuristes du styliste habillent le corps d'esprits anciens et de philosophies propres à la nature.

12.04.2022

TexteMiranda Remington

Avec l'aimable autorisation de Ryunosuke Okazaki.

Au premier regard, les défilés de Ryunosuke Okazaki surprennent par leur dimension futuriste, surréaliste. Son savoir-faire technique permet la mise en œuvre d’une vision avant-gardiste représentée par des structures tourbillonnantes autour des modèles.

Mais en réalité, ces formes renvoient à une époque surannée, et sont inspirées par l’ornementation religieuse du Japon de l’ère Jomon (entre 4 000 et 300 avant notre ère) et une palette de couleurs propre au symbolisme shintoïste. L’extravagance de ses créations lui valent une attention internationale et d’avoir été sélectionné parmi les finalistes du prix LVMH 2022. Lors de la Fashion Week de Tokyo, sa collection de prêt-à-porter printemps 2022 a été acclamée. Ryunosuke Okazaki a le don de faire naître du mouvement de la matière.

 

Artiste de la ligne

La formation de graphiste de Ryunosuke Okazaki —  passé par l’Université des Arts de Tokyo — se manifeste dans son maniement de la ligne. À partir de polyester, de coton et de tricot côtelé, il dessine des formes brutes et ciselées qui hypnotisent à mesure qu’elles se dilatent dans l’air. Leurs spirales infinies et leurs angles saillants font à la fois référence aux vignes rampantes et à la poterie religieuse de la préhistoire japonaise ; elles donnent vie à des civilisations disparues fondées sur une harmonie avec la nature. Dans le même temps, l’effet d’optique qui les caractérise est un clin d’œil à l’influence des surréalistes français, une référence largement explorée par Ryunosuke Okazaki, fasciné par une abstraction renvoyant à une pensée ou une action incontrôlable. Leurs dimensions psychiques en font un point d’entrée vers le chaos.

Originaire d’Hiroshima, Ryunosuke Okazaki associe mémoire collective et visions futuristes. Ses créations, leurs formes, absorbent les distorsions psychiques nées de la modernité et visent à retisser le lien entre nature et culture. Au magazine BLANK, il explique : « Hiroshima, ma ville natale, a souffert des bombardements atomiques, annihilant ses habitants et son environnement naturel. Des centaines de grues en papier, sur lesquelles étaient apposées des prières, ont été envoyées depuis le monde entier vers Hiroshima, avec l’espoir que ce drame ne se reproduise pas. Les prières sollicitent un lien intime entre humains, nature et objets de culte. » Ses créations, élégantes et poétiques, pourraient incarner sa philosophie. Dans son travail, les relations entre l’humain et l’artificiel, l’insaisissable de la nature, pénètrent la géométrie d’un autre monde.

 

Les dernières collections de Ryunosuke Okazaki sont à découvrir sur le site internet du designer.

Avec l'aimable autorisation de Ryunosuke Okazaki.

Avec l'aimable autorisation de Ryunosuke Okazaki.

Avec l'aimable autorisation de Ryunosuke Okazaki.

Avec l'aimable autorisation de Ryunosuke Okazaki.

Avec l'aimable autorisation de Ryunosuke Okazaki.

Avec l'aimable autorisation de Ryunosuke Okazaki.

Avec l'aimable autorisation de Ryunosuke Okazaki.

Avec l'aimable autorisation de Ryunosuke Okazaki.

Avec l'aimable autorisation de Ryunosuke Okazaki.

Avec l'aimable autorisation de Ryunosuke Okazaki.

Avec l'aimable autorisation de Ryunosuke Okazaki.

Avec l'aimable autorisation de Ryunosuke Okazaki.