Une maison tipi au coeur des montagnes
L’architecte Issei Suma a imaginé Jikka, une structure tout en bois, pour accueillir les personnes âgées de la région de Shizuoka.

© Takumi Ota
Au milieu des montagnes de la préfecture de Shizuoka, à quelques encablures du mont Fuji, se dressent cinq cônes de bois aux airs de tipis. Ces structures, que l’on pourrait croire tout droit sorties de l’imagination de Hayao Miyazaki, sont en réalité l’oeuvre de l’architecte japonais Issei Suma. A l’origine, deux femmes lui avaient demandé d’imaginer un espace qu’elles pourraient investir, tant pour y vivre que pour servir leur communauté en recréant du lien social entre les personnes isolées.
C’est chose faite avec ce projet architectural de cinq tipis interconnectés d’une surface totale de 100m2, répondant au petit nom de Jikka. Les deux sexagénaires, dont l’une est une ancienne travailleuse sociale et l’autre cheffe cuisinière, proposent aux habitants alentours, souvent âgés et solitaires, de venir partager avec elles un moment autour d’un café l’après-midi, ou de passer plusieurs jours à leurs côtés, puisqu’un des tipis fait office de chambre d’hôte.
Les personnes âgées rompent ainsi un peu avec l’isolement en tissant de nouvelles relations avec les résidentes de Jikka et les autres habitants venus les visiter. Le binôme propose également un service de livraison de repas à domicile pour celles et ceux qui ne peuvent plus se déplacer ou qui préfèrent rester dans le cocon de leur propre foyer.
Une architecture qui se fond dans la nature
Un projet vertueux donc, qu’Issei Suma a pensé « comme quelque chose de fort, comme une hutte primitive, mais aussi de doux et saint, comme une chapelle ». Avec leur hauts plafonds au sommet percé d’une fenêtre afin de baigner le plus possible dans la lumière naturelle, les tipis ont aussi été pensés pour offrir le plus d’ouvertures possibles sur la nature environnante. Leur bardage extérieur de bois tend à les fondre dans le paysage, tandis que leur intérieur, tout en béton, leur confère un côté très moderne.
Le projet se compose d’un tipi principal où se nichent une cuisine ainsi qu’une salle à manger, de deux tipis qui servent d’espaces de vie aux dames locataires et d’un dernier qui renferme une chambre pour les invités. Celui-ci cache une piscine en forme de spirale, accessible aux personnes en fauteuil roulant, comme toutes les autres pièces de cette habitation.
Un endroit hors du commun, qui se veut innovant tant sur le plan architectural que social.
Plus d’informations sur Jikka, un projet de l’architecte Issei Suma sur son site internet.

© Takumi Ota

© Takumi Ota

© Takumi Ota

© Takumi Ota

© Takumi Ota
LES PLUS POPULAIRES
-
« C’est un plaisir sincère que mes objets soient reconnus comme appartenant au cercle du Mingei »
Les couverts de laiton soigneusement façonnés par Ruka Kikuchi dans son atelier de Setouchi sont appréciés dans tout le Japon et ailleurs.
-
« Le Mingei reste toujours insaisissable, cent ans après sa naissance »
Sō Sakamoto est un potier d’Onta-yaki, une forme de céramique datant du XVIIIe siècle mise en avant par Sōetsu Yanagi, fondateur du Mingei.
-
« On dit souvent qu’il faut apprendre de ses échecs… mais est-ce vraiment si simple ? »
Dans “Guide de survie en société d'un anti-conformiste”, l'auteur Satoshi Ogawa partage ses stratégies pour affronter le quotidien.
-
Du Japon vers le monde, des photographes appelés à s’imposer à l’international
Le T3 PHOTO FESTIVAL 2025 expose cinq photographes japonais émergents et confirmés, afin de soutenir leur rayonnement à l’étranger.
-
“Le Japon interdit”, l'oeil d’Irina Ionesco
Dans cet ouvrage, la photographe va au plus près des corps, révélant ceux, tatoués, de “yakuza” ou celui, érotisé, d'une artiste underground.



