Un jardin japonais rare, caché au sein du temple Honen-in à Kyoto
Visible seulement deux fois par an, “Empty River”, aménagé par l’architecte paysagiste Marc Peter Keane, évoque le cycle du carbone.

“Empty River” de Marc Peter Keane au Honen-in.
Déployée avec la souplesse d’un trait de calligraphie dont le noir profond se détache sur la blancheur d’une feuille de papier, la rivière vide Empty River a fait son lit au sein du temple Honen-in à Kyoto. Conçu par l’architecte paysagiste américain Marc Peter Keane, ce jardin japonais se visite seulement deux fois par an, lors de la semaine portes ouvertes du temple, dont l’intérieur est habituellement fermé au public.
Le Honen-in est dédié au moine éponyme, figure fondamentale de l’école japonaise du bouddhisme de la Terre Pure qui révère le bouddha Amida. Situé dans les hauteurs du chemin de la philosophie à Kyoto, ce temple a acquis une réputation de promoteur de l’art contemporain depuis quelques décennies, sous la direction de son moine principal Shinsho Kajita. Des œuvres d’art et autres manifestations artistiques prennent place chaque année dans son enceinte.
En mars 2023, Shinsho Kajita, qui habite le temple avec sa famille, demande à Marc Peter Keane, établi de longue date à Kyoto, d’aménager sa cour intérieure privée. N’y subsistent alors que trois vieux camélias avec lesquels l’architecte paysagiste va composer.
Rencontre de l’art et de la nature
Pour ce projet, intitulé Empty River, il décide d’exprimer le concept bouddhique du vide et de s’inspirer du cycle du carbone. Cet élément symbolise bien les interactions entre toutes les choses, interactions que l’on appelle « nature ». Le carbone est capturé dans l’air par les plantes, qui sont consommées par les insectes, eux-mêmes mangés à leur tour par des animaux qui rendent le carbone à l’air en expirant.
Pour Marc Peter Keane, ce cycle se manifeste physiquement sous la forme d’une rivière composée de charbon pur. Il a d’abord tracé la rivière serpentant entre les racines des camélias au sein de gravier marron et blanc. Puis il a rempli le lit de la rivière de petits bâtonnets de charbon qui créent un fort contraste avec le gravier.
Le jardin japonais, d’apparente simplicité mais à la beauté brute à même de susciter de complexes réflexions et d’intenses sentiments, prend une autre dimension au mois d’avril. Les couleurs éclatantes des pétales de camélias tombés au sol offrent alors un paysage saisissant de splendeur. L’accomplissement de la rencontre entre art et nature. Fort heureusement, c’est l’une des deux périodes lors desquelles le Honen-in ouvre son bâtiment aux visites. Pendant la première semaine d’avril, et la troisième semaine de novembre, Empty River offre alors son paysage rare, d’autant plus précieux qu’il se mérite.
Le travail de Marc Peter Keane est à retrouver sur son site internet, son compte Instagram ou sa page Facebook.

“Empty River” de Marc Peter Keane au Honen-in.

Marc Peter Keane aménageant “Empty River” au Honen-in.

Marc Peter Keane aménageant “Empty River” au Honen-in. Photo de @AFaulkPhoto pour le “New York Times”.

“Empty River” de Marc Peter Keane au Honen-in.

Le célèbre portail au toit de chaume du temple Honen-in.

Vue des monticules de sable appelés “Byakusadan” tels qu'ils apparaissent depuis le portail.

Vue du bâtiment du Honen-in et de la cour intérieure où se situe “Empty River”.
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