Kazunori Hamana, la nature fait son œuvre
Dans un petit village côtier de la préfecture de Chiba, le céramiste crée des pièces marquées par son territoire, par le temps et ses effets.

“Untitled”, 2020 Ceramic - Photo: Noboru Murata © Blum & Poe
Des argiles naturelles provenant de la préfecture de Shiga, des matériaux simples, naturels, issus des sols, des techniques anciennes et contemporaines. Les céramiques de Kazunori Hamana sont celles d’un autodidacte qui s’appuie sur l’histoire de la céramique et la magie de son environnement naturel, son impermanence.
Né à Osaka en 1969, il quitte le domicile familial à l’âge de 15 ans pour rejoindre des agriculteurs dans la préfecture de Hyogo, puis apprend à travailler la terre et l’élevage dans une école agricole. Après cette période, il rejoint le MiraCosta College de San Diego, en Californie, puis retourne au Japon et ouvre son propre restaurant, à Tokyo, mais également une boutique de sneakers.
Depuis son installation dans un petit village côtier de la préfecture de Chiba en 2008, Kazunori Hamana partage son temps entre la pêche, la riziculture biologique et la céramique. Sa pratique s’appuie sur cette dernière activité citée, ce cadre de vie et cet ensemble d’intérêts.
« Je ne veux pas combattre la nature, alors je la suis »
Les vases, tasses, assiettes et urnes créées par l’artiste sont marquées par leur territoire, celui du bord de mer où, une fois cuites, elles sont placées en extérieur — au soleil, au milieu de la flore, dans des rizières —, vieillissent au fil des saisons et des pluies, sont usées, gravées par ces marques, auxquelles l’artiste ajoute des formes, souvent géométriques.
Passionné par les céramiques du XVIIème siècle, mais également influencé par Cy Twombly, Alberto Giacometti, Isamu Noguchi et Jackson Pollock, il confiait à Klassik Magazine : « Je suis très intéressé par les symboles inscrits sur les poteries anciennes (comme celles de l’époque Jomon ou Yayoi). Est-ce pour cela que j’ai envie d’intégrer des symboles, même si je vis à l’ère moderne ? Je suis toujours en train d’explorer l’origine de ce désir. »
Allant du blanc osseux au gris-bleu, ses céramiques pourraient évoquer des coquillages, subissant les effets de la houle, griffées par ses mouvements. « L’argile est naturelle, elle change. Je ne veux pas combattre la nature, alors je la suis », explique l’artiste sur le site internet de sa galerie Blum & Poe. Inspiré des tsubo japonais traditionnels, des pots en argile fonctionnels datant de la préhistoire, il y associe des techniques contemporaines, notamment dans le glaçage, la cuisson et la coloration.
Kazunori Hamana est un allié du temps, de son action, de ce qu’il apporte et ce qu’il efface.
Le travail de Kazunori Hamana est à retrouver sur le site internet de la galerie Blum & Poe et sur le compte Instagram de l’artiste. Un catalogue a par ailleurs été publié en 2020 par la galerie Pierre Marie Giraud dans le cadre d’une exposition organisée à Bruxelles.

“Untitled”, 2013-2020 Ceramic - Photo: Noboru Murata © Blum & Poe

“Untitled”, 2020 Ceramic - Photo: Noboru Murata © Blum & Poe

“Untitled”, 2020 Ceramic - Photo: Noboru Murata © Blum & Poe

“Untitled”, 2021 Ceramic - Photo: Noboru Murata © Blum & Poe

“Untitled”, 2016 Ceramic - Photo: Noboru Murata © Blum & Poe

“Untitled”, 2020 Ceramic - Photo: Noboru Murata © Blum & Poe
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