Le Japon, berceau du denim
Réputé pour son savoir-faire artisanal et traditionnel, le Japon est encore aujourd’hui le pays le plus connu au monde pour la qualité unique de son denim. Si Levi’s reste le leader mondial du jean, les origines du tissu se retracent non pas aux Etat-Unis mais bien dans l’archipel. D’ailleurs, son berceau se trouve plus précisément au sein du quartier de Kojima à Kurashiki, dans la préfecture d’Okayama.
Tout commence il y a près de 400 ans, lorsque le pays se développe sur une partie des côtes de la mer du Japon et leurs zones fertiles. C’est alors que les artisans de Kurashiki entament la fabrication de textiles en utilisant du coton qui résiste au sel et qui leur servira plus tard pour la production de jean. Au cours de l’ère Meiji (1868-1912) les premières industries de filature apparaissent et plus d’une centaine d’entre elles se consacrent entièrement à la production de denim. Leurs ventes au Japon avoisinent les 110 milliards de yens par an, devenant ainsi le chiffre d’affaires le plus important du pays.
Très vite, la reconnaissance devient internationale grâce à une approche du denim particulière. Pour la production du jean, les artisans mettent à profit leur savoir-faire et leur technicité d’antan, dont une méthode de tissage unique qui permet de coudre les courbes des tabis, les chaussettes traditionnelles japonaises. Ce qui explique la résistance de leur denim. Côté couleur, ils réutilisent leur technique de teinture traditionnelle qui sert à produire leur emblématique bleu indigo, que l’on nomme également le “Japan Blue” et qui s’avère être un indigo plus profond que le bleu du jean habituel. Les denims japonais se caractérisent aussi par leurs innovations, dont leur surface rugueuse et leur “selvedge”. Le selvedge, c’est un morceau de tissu que l’on retrouve sur le revers du jean, au niveau de l’ourlet. Celui-ci évite les effilochages et se distingue souvent par un petit liseré de couleur. Il est un gage de qualité d’un produit denim.
Aujourd’hui, beaucoup de grandes marques continuent de produire dans la zone de Kojima. C’est notamment le cas de BigJohn (le premier jean créé au Japon), Japan Blue Jeans, Momotaro Jeans, Kapital, TCBjeans ou encore Pure Blue Japan qui, toutes, possèdent leur siège social à Kurashiki.
Tous les ans, les professionnels du jean se donnent rendez-vous au Salon du Denim dans une ville européenne d’influence mode. En décembre dernier, c’était en plein de cœur de Londres, à Shoreditch, que de nombreux exposants japonais dévoilaient leur travail. Tout en explorant les différentes facettes du denim contemporain, les créateurs nippons ne cessent de réinventer le jean. C’est notamment le cas du couturier Junya Watanabe, dont on parlait dernièrement, qui réussit à mêler avec brio jean et couture.
Pour découvrir toute la diversité dont font preuve les créateurs japonais, le site Japan Denim regroupe les marques les plus tendances et créatives du moment. L’occasion de redécouvrir le jean sous tous ses aspects. Attention cependant : la toile brute du jean japonais n’épouse pas la silhouette et n’étire pas la jambe comme le denim californien. Mais sa qualité et son authenticité séduisent un public de plus en plus large.
Pour en savoir plus, le documentaire Weaving Shibusa part à la rencontre des artisans à l’origine de ce tissage propre au denim japonais.
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