Le label Artisanat traditionnel japonais, riche de son passé et intemporel
Au Japon, un pays ancré dans la tradition, les savoir-faire artisanaux se transmettent de génération en génération. Plus de 236 techniques, appliquées par des artisans talentueux, ont été désignées savoir-faire traditionnels nationaux.
Les produits certifiés Artisanat traditionnel japonais ne se résument pas à des objets de décoration destinés à embellir de riches intérieurs. Il sont plus largement constitués d’objets ordinaires de la vie quotidienne, conçus avec une précision et une attention aux détails uniques au Japon. Ces techniques n’ont plus rien à prouver et les objets qui en sont issus sont caractérisés par leur longévité. Si la laque — peut-être l’un des savoir-faire les plus réputés du Japon —commence à s’écailler, elle peut être recouverte d’une nouvelle couche et paraître comme neuve, même après 50 années d’utilisation. De la même façon, pour les céramiques, une technique appelée kintsugi repose sur l’usure naturelle des objets. Des pièces ébréchées ou fissurées sont alors réparées avec de la laque et de la poudre d’or.
Auparavant, pour devenir artisan, il fallait devenir l’apprenti d’un maître et acquérir ses techniques par l’observation. Aujourd’hui, même si de nombreuses personnes continuent d’adhérer à cette approche traditionnelle, il existe des centres de formation pour artisans, proposés par des ateliers et des producteurs dans tout le pays. Depuis 1975, l’Association de promotion de l’artisanat traditionnel japonais a même mis au point un examen pour obtenir la “Certification de maître d’artisanat traditionnel”.
Pour qu’un objet puisse être désigné comme Artisanat traditionnel japonais, il faut qu’il respecte cinq règles. Tout d’abord, il doit servir à la vie de tous les jours. Puis, la technique la plus importante dans son procédé de fabrication (celle qui a le plus d’impact sur la qualité du produit) doit être réalisée à la main. Ensuite, l’objet doit avoir plus de 100 ans d’histoire et doit être confectionné grâce à des techniques et technologies traditionnelles préservées au fil des années. En outre, les matériaux qui composent l’objet doivent, eux aussi, avoir été utilisés depuis 100 ans. Enfin, le produit doit être fabriqué dans certaines régions et appartenir à certaines industries régionales d’une échelle particulière. Seuls les objets conformes à ces cinq conditions peuvent être désignés Artisanat traditionnel japonais.
Une fois qu’un objet est récompensé, il reçoit le “Certificat d’artisanat traditionnel japonais” qui signifie que les artisans et l’Association sont fiers de certifier de la qualité du produit et des techniques nécessaires à sa fabrication. Le design du certificat a été réalisé par Yusaku Kamekura, qui avait auparavant créé le poster des Jeux Olympiques de Tokyo en 1964.
L’histoire du label Artisanat traditionnel japonais
Tous les savoir-faire japonais traditionnels ont plus de 100 ans, comme le requière la certification, mais certains d’entre eux datent de l’époque de Heian (794-1185). Au fil de nombreuses générations, ces savoir-faire ont prospéré. Cependant, au début de l’ère Meiji (1868-1912), afin de pouvoir concurrencer les pays occidentaux, l’industrie manufacturière japonaise a entamé un processus de mécanisation. Cela a porté un coup terrible aux artisans dont la subsistance dépendait largement de leur rôle de fournisseurs d’objets du quotidien. Ce choc a été d’autant plus aggravé par le consensus qui régnait dans le pays en ce temps-là : les objets japonais étaient passés de mode alors que les produits venus de l’étranger devenaient de plus en plus populaires. Pourtant, en 1873, le Japon a participé à l’Exposition internationale de Vienne pour la première fois, et y a montré principalement des objets artisanaux. Ces produits ont remporté un franc succès et se sont bien vendus. Les mêmes objets traditionnels qui avaient été répudiés au Japon ont été accueillis à bras ouverts par le public étranger.
Cet engouement pour l’économie de l’artisanat n’a cependant pas fait long feu et, durant la période de croissance économique rapide de l’après Seconde guerre mondiale, le Japon est entré dans une ère de production et de consommation de masse. En conséquence, les techniques artisanales traditionnelles sont tombées en désuétude. Les artisans étaient de nouveau en crise : si les choses continuaient ainsi, les savoir-faire qui s’étaient transmis à travers les siècles pourraient disparaître pour toujours. Aujourd’hui encore, les produits certifiés Artisanat traditionnel japonais continuent de faire face à des problèmes variés, tels que le manque d’héritiers des techniques ou la pénurie de matériaux et d’outils.
Et pourtant, l’artisanat traditionnel et les régions qui le produisent commencent à entamer des transformations majeures. De nombreux objets certifiés Artisanat traditionnel japonais sont créés en utilisant des matériaux de haute qualité et des techniques que seuls des artisans sont capables d’offrir, tout en incorporant des designs dans l’air du temps (et des prix plus accessibles).
Coupe de saké et bol rond de style shiro futoshinogi (un motif à rayures verticales sculptées au rabot). Origine : Fukushima, la plus ancienne zone de production de porcelaine blanche de la région du Tohoku.
On raconte que la poterie a émergé à l’époque Sengoku (1467-1590), lorsque des tuiles d’argile ont été fabriquées pour le toit du Château de Wakamatsu à Aizu-Wakamatsu (le nom originel de la préfecture de Fukushima).
“Chat porte-bonheur maneki-neko” peint grâce à la technique somenishiki. Origine : Aichi
La méthode somenishiki combine celle du sometsuke (peinture à l’indigo d’une surface non émaillée) et celle de l’iro-e (peinture en rouge, jaune, vert, etc. d’une surface émaillée). Au début du XIXème siècle, la technique de cuisson de la porcelaine, ramenée de Kyushu par les habitants, et le style riche et sensible de la peinture chinoise, enseignée par des experts, se sont mutuellement influencés et se sont grandement développés. Si bien qu’au milieu du XIXème siècle, la technique de création de la porcelaine Seto sometsuke a été établie.
Assiette hagiyaki avec un vernis kairagi. Origine : Yamaguchi
Les origines de la porcelaine de Hagi remontent à environ 400 ans, lorsque Mori Terumoto, qui avait voyagé jusqu’à la péninsule de Corée avec Toyotomi Hideyoshi, est revenu au Japon accompagné de deux potiers locaux, Lee Shako et Lee Kei. Le kairagi consiste en un vernis granuleux, racorni et cuit appliqué sur de la céramique. Son nom vient de la texture granuleuse de la peau des raies et des requins, appelée kairagi, et qui est traditionnellement utilisée pour envelopper le pommeau des sabres. La porcelaine prend aussi le nom de kairagi car sa surface rappelle cette texture.
Petites assiettes pour condiments en laque de Kawatsura. Origine : préfecture de Akita
La laque de Kawatsura est vieille de plus de 800 ans. A l’origine, la laque était utilisée pour renforcer les armures et les armes du shogunat, mais elle en est graduellement venue à embellir les objets de tous les jours comme les assiettes ou les bols. La laque de Kawatsura est caractérisée par un procédé unique d’application de la laque brute directement sur du bois fumé et séché, dotant les objets ainsi décorés d’une finition robuste.
Kokeshi (poupées de bois) Origine : Miyagi
Ce genre de poupée de bois serait apparu comme souvenir vendu dans les stations thermales de la région du Tohoku vers le milieu de l’époque Edo. Les kokeshi sont taillées dans du bois de Cornus Controversa, préalablement débarrassé de son écorce et laissé à sécher entre un et cinq ans. Une fois séché, le bois est sculpté jusqu’à atteindre la forme correcte avant d’être poncé, peint, assemblé puis ciré.
A Kinasé à Paris, il est possible de voir, prendre en main et acheter des sets de saké et de la vaisselle conçus pour apprécier de manière optimale le saké et la gastronomie japonaise. On y trouve aussi des objets décoratifs qui incorporeront facilement une touche d’esthétique japonaise à tout intérieur. Venez visiter Kinasé pour découvrir leurs derniers arrivages, avant l’ouverture d’une boutique officielle d’objets désignés Artisanat traditionnel japonais dans le quartier de Saint-Germain-des-Prés.
Kinasé
Adresse : 28 Rue du Dragon, 75006 Paris
www.kinase-boutique.com/fr/LES PLUS POPULAIRES
-
De spectaculaires feux d'artifice nippons
Le photographe Hidenobu Suzuki a capturé les “tezutsu hanabi”, des cascades de flammes tenues à bout de bras par des hommes jusqu'à épuisement.
-
“Mirai-chan”, face à face avec l'innocence propre à l’enfance
Pour ce livre publié en 2011, le photographe Kotori Kawashima suit la découverte des joies et peines du quotidien d'une petite fille.
-
La Benesse House, un hôtel-musée d’art sur l’île de Naoshima
Conçue par Tadao Ando, la Benesse House est un lieu de villégiature idéal pour les visiteurs en quête d’art, de nature et d’architecture.
-
Recette d'umeboshi par Karen Solomon
A la différence des prunes d'Occident, l'ume ne se consomme pas crue et est saumurée par les Japonais qui raffolent de ce condiment acidulé.
-
Recette de “karaage” de poulet de “La Cantine de Minuit”
Cette recette de poulet, mariné dans un mélange d’épices et de saké avant d’être frit, est tirée du manga phare de Yaro Abe.