Hokkai Suisan livre à domicile des ingrédients japonais pour gourmets
Cette entreprise néerlandaise, partie des produits de la mer, s’est spécialisée dans l’envoi de recettes prêtes à déguster.
Aji no hiraki © Hokkai Suisan
Tout a commencé avec une entreprise de pêche néerlandaise qui exportait ses poissons vers le Japon. Marinus Noordenbos, fils du propriétaire, est envoyé à l’âge de 18 ans dans l’archipel pour travailler avec certains clients. Il y apprend les méthodes japonaises de préparation du poisson et y rencontre sa femme, Yukiko Fukuyama. Ensemble, en 1993, ils lancent Hokkai Suisan, une société de transformation et livraison de poisson.
Partie d’un seul produit, le aji no hiraki (chinchard séché) qu’exportait au Japon le père de Marinus Noordenbos, l’entreprise a développé sa gamme et propose aujourd’hui une soixantaine de références comme les iwashi mirinboshi (sardines à la sauce soja sucrée) ou la gindara saikyozuke (morue noire au miso). Tous les poissons sont pêchés aux Pays-Bas et préparés à la japonaise.
Une approche pédagogique de la cuisine japonaise
L’intuition première de Marinus Noordenbos était de satisfaire la demande de familles japonaises installées dans son pays. Grâce au bouche-à-oreille, sa clientèle s’élargit et s’étend à quinze autre pays d’Europe. « Des amateurs de nos produits à Amsterdam les faisaient goûter à leur collègue à Dusserldorf et du jour au lendemain, je me retrouvais à livrer en Allemagne », se souvient le dirigeant.
De taille familiale pendant de nombreuses années, Hokkai Suisan s’est progressivement agrandie à mesure que sa cible s’étendait. A partir de 2010, l’entreprise commence à s’adresser à la clientèle occidentale, faisant preuve de pédagogie dans son approche de la cuisine japonaise.
« Généralement, la cuisine japonaise est perçue comme quelque chose de compliqué », explique Marinus Noordenbos. « Nous affirmons au contraire que c’est en réalité assez facile de préparer des plats japonais à la maison. Ce n’est pas plus difficile que de cuisiner des pâtes ».
Le fondateur de Hokkai Suisan recommande ainsi l’une des meilleures ventes de l’entreprise, le shio saba (maquereau salé). « C’est un produit simple mais fabuleux. Quand vous n’avez rien dans votre réfrigérateur mais du shio saba dans le congélateur, en vingt minutes vous obtiendrez un délicieux repas japonais. Ce produit est très satisfaisant, sans fioritures. Il suffit juste de le faire griller et de l’accompagner de brocolis, cuits dans de la sauce soja par exemple, avec un bol de riz ».
Accompagner la découverte de la cuisine japonaise
Marinus Noordenbos martèle que sa mission principale est de faire la promotion de la cuisine japonaise. Depuis 2021, il est d’ailleurs ambassadeur de bonne volonté de la cuisine japonaise aux Pays-Bas. Afin de mieux accompagner sa clientèle dans la découverte des nombreuses préparations du poisson à la japonaise, l’entrepreneur a ouvert un restaurant, Hokkai Kitchen, en 2010.
D’abord un comptoir de vente de sushi à emporter, l’établissement s’est transformé en restaurant d’une dizaine de tables dès 2015, avec l’arrivée du chef Kuniyoshi Ohtawara, transfuge de l’hôtel Okura à Tokyo. Au menu, une grande variété de poissons crus. Le riz y est importé du Japon ainsi qu’occasionnellement le wasabi.
Le chef de Hokkai Kitchen a aussi mis son expertise à disposition des clients de Hokkai Suisan lors de la pandémie de COVID-19. L’entreprise se met alors à proposer des tutoriels vidéo sur son site internet. La demande explose, notamment en Allemagne où Hokkai Suisan gagne des parts de marché. « Mais on ne peut pas proposer un maquereau tranché sur le côté et s’attendre à ce qu’un Allemand l’achète », poursuit Marinus Noordenbos. L’équipe se met donc à partager des recettes et autres astuces culinaires qui rencontrent un fort succès. Hokkai Suisan compte d’ailleurs publier un livre de recettes en 2023.
Encourager chacun à s’approprier les produits japonais
« La seule façon pour nous de continuer à croître, c’est d’encourager les gens à continuer de cuisiner à la maison », résume le fondateur. Hokkai Suisan propose aussi désormais ses propres produits importés du Japon : le Hokkai Shoyu (sauce soja), Hokkai Miso et Hokkai Nori (algue pour sushi). La sauce soja et le miso sont produits par d’anciennes fabriques japonaises qui font encore usage de tonneaux de bois (kioke) centenaires pour la fermentation. En résulte un goût umami des plus subtiles, affiné au fil des décennies.
Plusieurs fois par an, Marinus Noordenbos organise des journées portes ouvertes dans ses locaux et invite ces producteurs qui y présentent leurs gammes au public. Mais le dirigeant ambitionne d’augmenter aussi ses activités de commerce interentreprise à destination des professionnels de la gastronomie. Il participe pour cela à des événements rassemblant de nombreux chefs, dont des étoilés au Michelin, auxquels ses produits sont introduits.
L’enjeu demeure toujours pour lui de démocratiser l’accès à la gastronomie japonaise afin de l’extraire de lieux complexes et fermés au plus grand nombre. « La cuisine japonaise est trop incroyable pour rester exclusive », conclut Marinus Noordenbos. Hokkai Suisan, qui livre aujourd’hui près de 6000 familles dans toute l’Europe, s’apprête d’ailleurs à célébrer ses trente ans d’existence. La preuve que les produits japonais n’ont pas fini de susciter l’intérêt du grand public.
Plus d’informations sur Hokkai Suisan sur le site internet de l’entreprise. Davantage de détails sur les restaurants et commerçants faisant usage de produits japonais à travers le monde peuvent être trouvés sur le site internet de la plateforme Taste of Japan.
© Hokkai Suisan
Saumon © Hokkai Suisan
Hokkai Shoyu © Hokkai Suisan
Marinus Noordenbos avec des producteurs de miso au Japon © Hokkai Suisan
Hokkai Kitchen © Hokkai Suisan
Hokkai Kitchen © Hokkai Suisan
La famille Noordenbos © Hokkai Suisan
Marinus Noordenbos © Hokkai Suisan
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