Découvrir la région d’Imari, berceau de la céramique japonaise

Depuis 1620, les plus belles porcelaines japonaises sortent de ses ateliers qui ont conservé leur charme d'antan et se visitent volontiers.

30.01.2020

TexteClémence Leleu

©CLEMENCE LELEU

Lorsque l’on traverse le petit pont de pierre intégralement recouvert de céramique bleue et blanche qui permet de rejoindre Okawachiyama, le temps paraît suspendu. Dans ce petit village entouré de montagnes et situé à six kilomètres d’Imari, le port à partir duquel les porcelaines étaient exportées par la Compagnie des Indes à compter du XVIIe siècle, tout semble s’être figé.

De hautes cheminées de briques fendent le ciel, les portes des ateliers entrouvertes appellent à la curiosité et les maisons traditionnelles japonaises, garnies de pièces en céramiques colorées, ont l’air de n’avoir pas bougé d’un pouce. Okawachiyama, village situé sur l’île de Kyushu, fait partie du club très fermé des villages “Hiyo no sato”, comprendre : les villages aux fours secrets. Où perdurent au fil des décennies les techniques acquises par les premiers céramistes nippons.

 

Perpétuer un savoir-faire centenaire

Car la région d’Imari, et plus principalement la ville d’Arita, est la capitale de la porcelaine nippone et ce, depuis 400 ans et l’arrivée des céramistes coréens sur la plus méridionale des quatre îles principales du Japon. C’est à Kanagae Sanpei ou Kanagae Sanbee, le consensus ne se faisant pas sur le nom exact de ce potier coréen, que l’on doit l’introduction de cet art sur le sol japonais.

Ce savoir-faire précieux, est à l’époque farouchement gardé, les maîtres céramistes n’ayant pas l’autorisation de sortir de leur village afin d’éviter que leurs techniques ne se diffusent. La région d’Imari dispose à l’époque d’un avantage, et non des moindres : de nombreux gisements de kaolin, une argile blanche utilisée pour la fabrication des céramiques, sont repérés dans la région. Il n’en fallait pas plus pour que de nombreux ateliers ouvrent leurs portes. Dans la grande ville d’Arita, évidemment, mais aussi dans tout un tas de petits villages alentours, nichés au milieu de la campagne.

La région est donc fortement appréciée par les amateurs de céramiques qui peuvent visiter ses ateliers et découvrir deux styles de céramique différents : la céramique dite Kakiemon, que l’on peut utiliser dans la vie quotidienne et celle dite de Nabeshima, la plus précieuse, réservée entre le XVIIe et le XXe siècle aux cadeaux et aux dignitaires nippons. Sur cette dernière sont représentées des illustrations florales, mais également de délicats oiseaux voire même certains paysages japonais. Toujours dans la même gamme de couleurs : le rouge, le bleu et le vert, qui viennent habiller le blanc de la porcelaine.

 

Sur les traces de la cour impériale

À l’époque, toute la cour d’Edo se presse dans la région et notamment dans le petit village d’Okawachiyama, où l’on fabrique la porcelaine Nabeshima. Un village qui a su sauvegarder ses savoir-faire puisqu’il est encore possible aujourd’hui de visiter les ateliers des différents céramistes. Le tout dans un climat paisible, car la région est encore épargnée par un tourisme trop important. En effet, pour rejoindre Okawachiyama, mieux vaut avoir son propre véhicule, la desserte en transports en commun n’étant pas particulièrement facile. Cela permet aux voyageurs de se perdre dans les petites routes sillonnant les rizières et la forêt avant d’atteindre leur destination. Si vous en avez l’occasion, ne manquez pas de visiter Okawachiyama durant l’été. Le village accueille tous les ans le festival des furin. Ces petites clochettes en céramique ou en verre tintent à la moindre brise et sont emblématiques des étés japonais. De quoi rendre cette escapade davantage pittoresque.

©JNTO

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©CLEMENCE LELEU

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