L’artisanat de Mie, des produits locaux riches en histoire
La poterie Banko fait sa renommée, alors que les esturgeons élevés dans la région et ses vinaigres originaux en font un paradis des gourmets.
Le sanctuaire d’Ise (Ise-jingu) commence au sanctuaire intérieur (naigu), dédié à la déesse du soleil Amaterasu, et au sanctuaire extérieur (gegu) dédié à Toyoke, déesse de la nourriture, et comprend 125 sanctuaires. On l’appelle officiellement Ise-jingu et non jinja pour signifier son lien avec la famille impériale japonaise.
Juste au sud-ouest de Nagoya, la ville principale de la région centrale du Japon, se trouve le département de Mie. Plus facile d’accès qu’Osaka, il s’agit d’une région où, depuis longtemps, les voyageurs vont et viennent, typiquement pour le pèlerinage au sanctuaire d’Ise. Le pèlerinage au sanctuaire d’Ise, affectueusement appelé “M. Ise” (O-Ise-san) a connu un engouement dans tout le pays à l’époque Edo (1603-1868). On dit que les années de forte affluence, plus de 4 millions de personnes auraient rendu visite au sanctuaire. Aujourd’hui encore, la tradition du pèlerinage d’Ise se transmet de génération en génération.
Les céramiques en cours de production sont proprement alignées à l’atelier Fujiso. Fondé en 1907, il fabrique alors divers ustensiles comme des hibachi (chauffage traditionnel japonais similaire à une chaufferette) en poterie. Par la suite, l’atelier se spécialise dans la production de vaisselle japonaise. Aujourd’hui, près de 500 objets différents y sont produits, en particulier des théières.
La théière originale “Hitoshizuku” est obtenue à partir d’un moule rempli manuellement de terre argileuse. C’est le potier de 4ème génération Kenji Fujii qui en a eu l’idée avec une obsession pour la qualité du bec verseur, la facilité de prise en main et toutes sortes de détails innovants. Tout en préservant les méthodes de fabrication de la vaisselle Banko, transmises de génération en génération, il a essayé de concevoir un produit qui sortirait des sentiers battus.
La théière Hitoshizuku est née de la théière sans poignée japonaise hobin. Elle ne sert pas uniquement à infuser le thé, on peut aussi l’utiliser pour servir du saké.
Le département de Mie, parsemé de sites historiques comme le sanctuaire d’Ise, le pèlerinage Kumano Kodo ou encore l’ancienne région d’Iga (à l’ouest du département aujourd’hui) connue pour son village de ninjas, est également réputé pour ses excellents produits locaux.
Par exemple, la poterie Banko de Yokkaichi représente 80% de toutes les marmites donabe produites dans le pays, dont cette ville est la première productrice nationale. La poterie Banko de Yokkaichi est aussi l’une de celles qui sont appropriées pour la préparation du thé vert Sencha. L’atelier de poterie Fujiso, qui a plus de cent ans d’activité, ne fabrique pas seulement des céramiques de style ancien mais aussi des théières au design moderne sans poignée ou couvercle.
Ailleurs dans le département, d’autres industries traditionnelles ont été soigneusement préservées et transmises de génération en génération comme le coton de Matsusaka ou les cordes tressées d’Iga.
Dans la region d’Oku-Ise, l’entreprise Sturgeon Lohas élève des esturgeons dans les eaux claires de la rivière Hajikami. « L’eau de la rivière a le même pH que les fluides corporels des esturgeons. C’est un environnement incroyablement favorable », confie son représentant Ryo Tsuji. L’entreprise applique des techniques issues de l’élevage du thon rouge.
Les gros œufs d’esturgeons sont sélectionnés puis commercialisés sous le nom de “caviar d’Oku-Ise”. Leur chair, quant à elle, riche en collagène et au goût délicat, peut être utilisée dans une variété de plats, notamment en sashimi.
Juste à côté de la ferme aquacole Sturgeon Lohas fait pousser du cresson bio. Ils ont introduit l’aquaponie, où l’eau utilisée pour élever les esturgeons est recyclée via la culture hydroponique. Ils poursuivent ainsi une entreprise durable.
En bon terroir, Mie est considéré comme recelant un trésor d’ingrédients délicieux. En tête des produits marins se trouve la langoustine d’Ise, avec un volume de pêche qui se classe parmi les premiers au niveau national. Sur la longue côte de Mie se pratique aussi la pêche des ama, des plongeuses sous-marines en apnée, et l’ormeau est une spécialité locale.
Parmi les produits agricoles, il faut mentionner le bœuf de Matsusaka. Considéré comme l’une des trois grandes variétés de bœuf wagyu du Japon, il est parfois même qualifié d’œuvre d’art. En plus de la richesse de ces ingrédients, une nouvelle initiative a été lancée dans les montagnes d’Oku-Ise: l’aquaculture terrestre de l’esturgeon. L’entreprise Sturgeon Lohas s’engage dans une production respectueuse de l’environnement avec un système circulaire de nouvelle génération.
En 2021, la brasserie MIKURA Vinegary a ouvert un nouveau magasin adjoint à sa brasserie, qui met en avant ses produits fabriqués grâce à une méthode de fermentation dans des fûts de bois selon une technique traditionnelle. Ils mettent ainsi en avant la qualité des produits fermentés dans la délicieuse saveur du vinaigre, qui ont pris du temps à être fabriqués.
Mie est une région qui mérite d’être reconnue tant comme une destination touristique que pour ses produits locaux élaborés avec de solides techniques. Ici, la production se fait dans l’air du temps, avec un respect de la tradition. Les artisans, toujours prêts à relever des défis, y sont les plus fervents soutiens des industries historiques.
L’antenne de MIKURA Vinegary, située dans la base commerciale et de loisirs VISON à Taki, dispose d’une boutique adjointe à sa brasserie. Les visiteurs peuvent observer la fabrication et les salles de fermentation depuis le magasin. Il est possible de goûter tous les produits en magasin, et des collations légères telles que des glaces au vinaigre sont également disponibles à la vente.
Dans la salle de fermentation, du vinaigre rouge à base de lie de saké et du vinaigre noir à base de saké de riz brun sont produits dans des tonneaux en bois. Ils sont soumis à une fermentation statique naturelle pendant environ 70 jours, suivis d’une période de maturation, avant d’être commercialisés. La gamme de produits est variée, comprenant par exemple une série de vinaigres mélangés avec du jus de fruits.
« Nous voulons que le plus grand nombre de personnes possible découvrent la délicieuse saveur du vinaigre que nous avons soigneusement élaboré », affirme sa directrice, Shino Ito.
De gauche à droite il y a “Shizuka”, un vinaigre noir à base de saké de riz brun de Mie, “Akane”, un vinaigre rouge à base de lie de saké rouge vieillie de Mie et “Gekka”, un vinaigre blanc à base de lie de saké rouge vieillie de Mie. Tous sont soigneusement fermentés dans des tonneaux en bois.
LES PLUS POPULAIRES
-
“Les herbes sauvages”, célébrer la nature en cuisine
Dans ce livre, le chef étoilé Hisao Nakahigashi revient sur ses souvenirs d’enfance, ses réflexions sur l’art de la cuisine et ses recettes.
-
Recette de “karaage” de poulet de “La Cantine de Minuit”
Cette recette de poulet, mariné dans un mélange d’épices et de saké avant d’être frit, est tirée du manga phare de Yaro Abe.
-
Chiharu Shiota, fils rouges de l'âme
L’année dernière, plus de 660 000 personnes ont visité la rétrospective Chiharu Shiota: The Soul Trembles au musée d’art Mori.
-
Shunga, un art érotique admiré puis prohibé
Éminemment inventives, se distinguant par une sexualité libérée, ces estampes de la période Edo saisissent des moments d'intimité sur le vif.
-
Niseko, station de ski d'exception
Le Japon est considéré comme l’un des pays les plus propices au ski. La neige fraîche y est abondante durant près de cinq mois en hiver.