Asami Shoji, les deux faces du moi
Sur ses peintures, telles des performances ou ballets, des figures semblent forcées à cohabiter dans une atmosphère marquée par la tension.

Asami Shoji, “24.4.14”, 2024, huile sur toile, Photo : A. Mole, avec l'aimable autorisation de Semiose, Paris
Qu’expriment donc les corps nus, les squelettes et les regards, mis en perspective dans les peintures d’Asami Shoji ? Du désarroi, un regard parfois pervers, de la tendresse, de la passivité ou de la contrainte, physique ou psychique. Ici, tout est question de double, aussi bien des corps, des états, que des volontés.
Née en 1988 à Fukushima et aujourd’hui installée à Tokyo, Asami Shoji voit désormais sa visibilité s’étendre au-delà des frontières de l’Asie. Si son œuvre figure déjà dans la célèbre Oketa Collection de Tokyo, l’année 2024 marque un tournant. Elle y présente sa première exposition personnelle en Europe, October, Much Ado About Nothing, au sein de la galerie parisienne Semiose (du 12 octobre au 16 novembre 2024).
À travers ces figures dévêtues, « repoussant définitivement les limites de la chair », selon les termes de l’artiste, sont explorés angoisses et tourments. Les frontières s’estompent, se diluent.
Journal intime
L’étrangeté est souvent le qualificatif retenu pour décrire son œuvre, et un élément intriguant donne aussi un indice : chaque œuvre porte la date de sa création, suggérant que ces toiles fonctionnent comme un journal intime, capturant une coexistence des consciences, tiraillées entre des émotions et des sensations souvent contradictoires.
Dans un texte écrit pour Semiose par Clélia Zernik, professeure de philosophie de l’art et chercheuse associée à l’Institut d’Asie Orientale (IAO), le cinéma de Kiyoshi Kurosawa est convoqué, où « une jeunesse esseulée suit un processus de “fantomisation” ». Le travail d’Asami Shoji invite le spectateur à des récits complexes et des explorations sensorielles, à mener une expérience sur la conscience, et dévoiler la multipolarité de l’existence et de la manière dont on la perçoit.
October, Much Ado About Nothing (2024), une exposition d’Asami Shoji à la galerie Semiose à Paris, du 12 octobre au 16 novembre 2024.

Asami Shoji, “24.6.3”, 2024, huile sur toile, Photo : A. Mole, avec l'aimable autorisation de Semiose, Paris

Asami Shoji, “23.12.30”, 2023, huile sur toile, Photo : A. Mole, avec l'aimable autorisation de Semiose, Paris

Asami Shoji, “24.6.16”, 2024, huile sur toile, Photo : A. Mole, avec l'aimable autorisation de Semiose, Paris

Asami Shoji, “24.5.17”, 2024, huile sur toile, Photo : A. Mole, avec l'aimable autorisation de Semiose, Paris
LES PLUS POPULAIRES
-
Recette d'umeboshi par Karen Solomon
A la différence des prunes d'Occident, l'ume ne se consomme pas crue et est saumurée par les Japonais qui raffolent de ce condiment acidulé.
-
“Shojo Tsubaki”, une monstrueuse parade
Le chef d'œuvre d'horreur du maître du manga underground Suehiro Maruo célèbre la fascination historique pour le genre érotico-grotesque.
-
L’hommage à la banlieue de Yoshiyuki Yatsuda
À travers les clichés du photographe, le public reconsidère les marqueurs de la présence humaine dans ce qu'elle a de plus banal.
-
Maquereau grillé façon kabayaki par Tim Anderson
Le chef américain revisite les traditionnelles anguilles kabayaki japonaises en faisant varier l'ingrédient principal.
-
Sota Atsumi, un chef nature
Dans son restaurant Maison, ouvert en septembre 2019, il propose une cuisine gastronomique où l'attention se focalise sur les produits frais.