Atsuko Ishii grave sa vision espiègle du monde à l’eau-forte

L’artiste japonaise installée en France fait de ses gravures des œuvres oniriques, présentant une version quelque peu déformée de la réalité.

18.02.2021

TexteLou Tsatsas

© Atsuko Ishii

Les eaux-fortes imprimées en couleur d’Atsuko Ishii se lisent comme des énigmes délicates. Silhouettes féminines, clins d’œil à l’enfance, paysages et éléments d’architecture fusionnent dans ses gravures et proposent des fragments déformés de l’actualité et de la réalité, « car je joue avec », précise-t-elle.

Née en 1970 à Osaka, l’artiste vit désormais à Paris. « J’ai quitté le Japon en 1995, après avoir vécu le grand tremblement de terre à Kobe. J’ai changé de continent, et aussi de vie, car je ne travaillais à l’époque pas dans le monde artistique », confie-t-elle. De sa vie au Japon, elle garde un amour du vide et du silence, « et grâce à la France, j’ai appris à être un peu sauvage », s’amuse-t-elle.

 

Personal reality show

Pour réaliser ses œuvres, Atsuko Ishii dessine très rarement, et considère sa plaque de cuivre comme une feuille de papier. Elle la vernit, puis attaque la fine couche pour créer des motifs minutieux, avant de la faire tremper dans un bain acide. Une fois nettoyée, la plaque est colorée, et l’artiste l’orne à l’aide de collages, de pochoirs ou encore de gaufrages. De ce travail d’orfèvre naissent des créations délicates et étonnantes.

Sur ses gravures, les corps des hommes sont aussi grands que ceux des avions, et semblent déjouer la gravité. Les animaux aquatiques cohabitent avec les espèces terrestres, et les jeunes filles partent à la découverte du système solaire. Comme sortis d’un rêve, ses personnages vivent dans un monde insensé, aussi lointain que familier. « J’appelle mes créations mon personal reality show. Elles représentent un moment précis, un croisement, un départ », précise-t-elle. Au fil des années, l’artiste a réalisé de nombreuses commandes, illustrant notamment des livres pour enfants. Elle expérimente aujourd’hui avec d’autres supports, comme le tissu, et expose à l’international. « COVID oblige, je reste enfermée, mais mes gravures, elles, voyagent un peu partout », se réjouit-elle.

 

Personal reality show (2020), une série d’Atsuko Ishii dont certaines oeuvres sont disponibles à la vente sur le site de la galerie Nathalie Béreau.

© Atsuko Ishii

“100% Sauvage”, n°10/17, Atsuko Ishii 2020, Galerie Nathalie Béreau

“A trace of ourselves”, n°9/17, Atsuko Ishii, 2020, Galerie Nathalie Béreau

“We are free”, n°5/31, Atsuko Ishii, 2020, Galerie Nathalie Béreau

“A short cut”, n°9/17, Atsuko Ishii, 2020, Galerie Nathalie Béreau

“Heart beats”, n°6/31, Atsuko Ishii, 2020, Galerie Nathalie Béreau

“Get the wind”, n°5/51, Atsuko Ishii, 2020, Galerie Nathalie Béreau

“Mars I and Hula Hooping”, n°11/17, Atsuko Ishii, 2020, Galerie Nathalie Béreau

“One splash”, n°9/17, Atsuko Ishii, 2020, Galerie Nathalie Béreau

© Atsuko Ishii

© Atsuko Ishii