Emi Kuraya, penser l’instant

La jeune peintre et dessinatrice exprime avec légèreté le besoin de confronter l’obscurité intérieure à la lumière.

28.02.2022

TexteHenri Robert

Emi Kuraya in Studio © 2020 Emi Kuraya/KaiKai Kiki Co. Ltd. All Rights Reserved | Courtesy Perrotin

Une jeune fille se tient immobile, les yeux grands ouverts, représentée dans un style manga. Les œuvres d’Emi Kuraya ont pour point de départ la saisie d’un instant, énigmatique, évanescent. C’est un journal intime, l’artiste se confie, extériorise ses sentiments, les confronte à elle-même, et au public.

Née en 1995, la peintre et dessinatrice japonaise Emi Kuraya est depuis 2018 membre de Kaikai Kiki, la société artistique fondée par Takashi Murakami. Passée par la Tama Art University, elle a déjà vu son œuvre présentée dans les plus grandes foires d’art, de Hong Kong à New York.

 

Accumuler et exprimer

« L’espace entre les moments extraordinaires, singuliers, et le quotidien, la routine, laisse apparaître les lumières et les ténèbres qui se sont accumulés en moi. En dépeignant le passé à travers le filtre du présent, j’explore à la fois cette légèreté et cette obscurité », confie Emi Kuraya dans le cadre de son exposition Long Vacation à la galerie Perrotin de Shanghai (14 janvier au 26 mars 2022).

Dans ses peintures et dessins, de jeunes filles sont généralement représentées seules, ou avec un animal de compagnie. Ces adolescentes, figées, dégagent un sentiment de douceur et d’innocence. Pourtant, l’impossibilité de saisir la pensée de ces jeunes filles amène à supposer que cette apparente sérénité pourrait dissimuler une forme de malaise. Ces représentations invitent à réfléchir au sens de l’instant, à le penser. Le choix fait par l’artiste d’utiliser des tons pastels a un rôle important dans la mesure où les séquences représentées sont toujours capturées entre lumière et obscurité, à la frontière entre bonheur et réflexions plus sombres. Dans chaque œuvre, le cadre choisi est différent, permettant de proposer au public un panorama d’espaces dans lequel se projeter ; urbain, naturel ou intime.

Si son œuvre est aujourd’hui associée à la représentation de figures féminines, en 2021, l’artiste ramasse au sol une photographie d’un couple au bord de la mer qui lui inspire la toile Lovers — un homme apparaît pour la première fois dans son travail. « Les garçons ne représentent pas seulement le sexe opposé pour moi, ils symbolisent l’inconnu. C’est pourquoi j’ai voulu commencer à dessiner des portraits de garçons, chose que je n’avais jamais osée faire auparavant : j’avais besoin d’explorer ce territoire », conclut Emi Kuraya.

 

Le travail de l’artiste est à découvrir sur son compte Instagram et sur le site de la galerie Perrotin.

Emi Kuraya, “Hammock: Girl” (2021) ©2021 Emi Kuraya/KaiKai Kiki Co. Ltd. All Rights Reserved | Courtesy Perrotin

Emi Kuraya, “Lovers” (2021) ©2021 Emi Kuraya/KaiKai Kiki Co. Ltd. All Rights Reserved | Courtesy Perrotin

Emi Kuraya, “Brushing Teeth” (2021) ©2021 Emi Kuraya/KaiKai Kiki Co. Ltd. All Rights Reserved | Courtesy Perrotin

Emi Kuraya, “A puppy and a girl” ©2021 Emi Kuraya/KaiKai Kiki Co. Ltd. All Rights Reserved | Courtesy Perrotin