Face à face avec les femmes de yakuza
Chloé Jafé a fréquenté celles qui jouent un rôle clé dans la mafia japonaise pour sa série “Inochi Azukemasu”.
“Inochi Azukemasu” © Chloé Jafé
C’est l’histoire d’un défi qui aura nécessité six ans de travail. La photographe Chloé Jafé a pénétré l’univers fermé des yakuza, avec un projet précis. L’idée n’était pas de réaliser un reportage sur les membres de cette mafia, mais de s’intéresser à leurs femmes, à leur rôle subtile — en prenant le temps de comprendre leur point de vue, leur position – et de leur rendre hommage.
Passée par l’École de Condé Lyon avant de rejoindre un studio de photographie de mode, l’artiste née en 1984 se forme ensuite à la Central Saint Martins de Londres, et s’installe enfin au Japon.
Forces en présence
Première étape de sa mission, apprendre le japonais. Chloé Jafé décide ensuite de se faire engager dans un bar à hôtesses du quartier de Ginza à Tokyo — dont une partie est gérée par les yakuza, et où travaillent certaines de leurs femmes. Une fois immergée dans cet univers, et après en avoir maîtrisé les codes, c’est grâce à une rencontre fortuite avec un membre de l’organisation qu’elle réussit à pénétrer leur intimité et leur quotidien.
Les épouses, filles ou maîtresses des yakuza ne sont pas considérées comme de véritables membres de l’organisation, bien qu’elles y jouent un rôle important. Pour évoluer dans ce monde, elles se doivent de développer une force et un caractère singuliers. La série, dont le titre Inochi Azukemasu peut se traduire par « le don de sa vie », présente, en noir et blanc, des instants du quotidien, des nus, avec souvent pour élément central l’irezumi, un tatouage qui recouvre une grande partie du corps. La photographe donne une place prépondérante aux corps de ces femmes, à leurs postures.
Pour découvrir une autre facette du travail de Chloé Jafé, la série Okinawa mon amour permet de découvrir la véritable âme de cet archipel, de sa culture Ryukyu et des histoires dont elle a été le cadre.
Inochi Azukemasu (2020), une série photographie de Chloé Jafé publiée par Akio Nagasawa.
“Inochi Azukemasu” © Chloé Jafé
“Inochi Azukemasu” © Chloé Jafé
“Inochi Azukemasu” © Chloé Jafé
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