Hiroshima dans l’oeil d’Emmanuelle Riva
Pendant le tournage de “Hiroshima mon amour”, l'actrice capture des moments volés en plateau et le quotidien nippon de la fin des années 50.
© Sylvette Baudrot
Le 14 août 1958, Emmanuelle Riva embarque à bord du vol 270 à destination de Tokyo. Après deux jours de voyage, ponctués par une escale en Alaska, l’actrice pose pour la première fois le pied au Japon.
Elle y reste quinze jours, pour tourner les scènes japonaises du premier long métrage d’Alain Resnais, Hiroshima mon amour, adaptation cinématographique du roman éponyme de Marguerite Duras, où elle tient le rôle principal féminin.
L’actrice, accompagnée de la scripte Sylvette Baudrot, s’achète avant de partir pour Hiroshima un Ricohflex dans une boutique de Tokyo. Emmanuelle Riva capture alors tout au long de son voyage des instants du quotidien nippon, notamment dans les quartiers périphériques de Hiroshima, dix ans tout juste après les bombardements.
Sur ces clichés en noir et blanc, se dessinent des silhouettes d’enfants en train de pêcher ou flânant dans les rues, des rues animées le soir venu, quelques portraits d’elle-même, sans doute tirés par Sylvette Baudrot et une poignée de moments volés sur le plateau de tournage
Des clichés compilés dans un ouvrage
Une fois rentrée en France, l’actrice fait développer ses multiples prises de vue, faisant dire au réalisateur de la Nouvelle Vague : « je n’ai jamais vu de photos se faire qu’autour de ce film ». Les images sont alors archivées dans une malle loin des regards. Emmanuelle Riva, poussée par quelques amis, consent finalement à les en extraire pour les compiler dans un livre. Ainsi naît Tu n’as rien vu à Hiroshima, qui compile les photos de l’actrice et les carnets de notes de Sylvette Baudrot, où la scripte avait consigné avec précision le déroulé des journées passées dans l’archipel, complétés par la correspondance entre Alain Resnais et Marguerite Duras. Impossible dès lors d’affirmer qu’Emmanuelle Riva n’a rien vu, à Hiroshima.
Tu n’as rien vu à Hiroshima (2009), sous la direction de Marie-Christine de Navacelle avec la collaboration de Sylvette Baudrot, Alain Resnais et Emmanuelle Riva, publié aux éditions Gallimard.
© Sylvette Baudrot
© Sylvette Baudrot
© Sylvette Baudrot
© Sylvette Baudrot
© Sylvette Baudrot
© Sylvette Baudrot
© Sylvette Baudrot
LES PLUS POPULAIRES
-
“Les herbes sauvages”, célébrer la nature en cuisine
Dans ce livre, le chef étoilé Hisao Nakahigashi revient sur ses souvenirs d’enfance, ses réflexions sur l’art de la cuisine et ses recettes.
-
Shunga, un art érotique admiré puis prohibé
Éminemment inventives, se distinguant par une sexualité libérée, ces estampes de la période Edo saisissent des moments d'intimité sur le vif.
-
Le périple enneigé d’un enfant parti retrouver son père
Le film muet “Takara, la nuit où j'ai nagé” suit un jeune garçon sur la route, seul dans un monde d'adultes qu'il a du mal à appréhender.
-
L'homme qui construisait des maisons dans les arbres
Takashi Kobayashi conçoit des cabanes aux formes multiples adaptées à leur environnement et avec un impact limité sur la nature.
-
Les illustrations calligraphiques d'Iñigo Gutierrez
Inspiré du “shodo”, la calligraphie japonaise, l'artiste espagnol établi à Tokyo retranscrit une certaine nostalgie au travers de ses oeuvres.