Les terrifiantes poupées de Midori Hayashi

La violence et la morbidité sont au cœur des créations de l'artiste faites à partir de restes d'animaux et qui évoquent des épisodes cruels.

12.04.2021

TexteHenri Robert

Photo © Nagare Tanaka

C’est à partir de pâte polymère et de restes d’animaux que débute le long et surprenant travail de l’artiste japonaise Midori Hayashi. Celle qui se définit comme une « Doll Artist » explique qu’elle est « guidée par des enfants pour créer un monde [qu’elle n’a] jamais vu. »

C’est aux côtés de Ryo Yoshida que Midori Hayashi entame sa formation dans les années 2000, au sein du « Doll Space Pygmalion ». En 2017, ses poupées sont exposées à la Vanilla Gallery (Tokyo). C’est à cette occasion qu’est publié Nightcomers – Children at Night, un ouvrage dans lequel les créatures de l’artiste sont photographiées par Nagare Tanaka, et accompagnées d’un texte de l’auteure de nouvelles Mari Ishigami.

 

Association d’âmes

Un visage de chat, un corps de poisson ou d’oiseau… les poupées réalisées par Midori Hayashi sont hypnotisantes, fragiles et terrifiantes, captivantes et attachantes. Ses poupées associent les âmes, « celle qui vit dans la nature et celle des morts » selon les mots posés sur ces créatures à l’occasion de l’exposition à la Vanilla Gallery.

Que cela soit via la littérature ou les manga, les sources d’inspirations de Midori Hayashi sont variées, et elle cite Sleeping Beauty: Memorial Photography in America d’Allen Ginsberg — un ouvrage particulièrement violent. La violence, la morbidité sont au cœur des créations de Midori Hayashi, dont la vie et l’œuvre ont été fortement marquées par un accouchement prématuré, qui l’a fait rester à l’hôpital de longues semaines.

Comme l’explique l’artiste dans le texte accompagnant l’ouvrage, la poupée choisie pour la couverture a été créée à la suite de la découverte d’une pratique de la tribu des Yanomami, en Amazonie. « Pour réduire le nombre de naissances, ils mettent les bébés dans des termitières pour les laisser se faire manger par les termites. Il s’agit d’un rituel de retour des bébés dans le monde des esprits, que j’ai trouvé cruel et beau. Cette histoire m’a inspirée pour créer cette jolie poupée princesse. Pour recréer la scène, un crâne de cheval a été utilisé pour représenter la termitière. » Oui, c’est violent.

Art, artisanat, loisir ? Comme elle l’explique au magazine Beautiful Bizarre, « c’est difficile pour moi de me considérer en tant qu’artiste, parce qu’au début, j’ai appris la fabrication de poupées à la manière d’un passe-temps. De plus, comme je ne suis jamais allée dans une école d’art, j’ai du mal à dessiner / reproduire des corps humains. » Une artiste singulière pour un art singulier.

 

Nightcomers – Children at Night (2017) un ouvrage d’oeuvres de Midori Hayashi, publié par Atelier Third.

Photo © Nagare Tanaka

Photo © Nagare Tanaka

Photo © Nagare Tanaka

Photo © Nagare Tanaka