L’observatoire Enoura, l’art suspendu entre ciel et terre
Conçu par l'architecte Hiroshi Sugimoto, cet espace allie création et passage des saisons pour favoriser l'émerveillement.
© Odawara Art Foundation
Érigée par le photographe et architecte Hiroshi Sugimoto avec la volonté d’en faire un lieu propice à la diffusion de l’art et de la culture japonaise à travers le monde, la Fondation d’Art Odawara comprend une galerie d’art, une scène en pierre, une scène en verre de théâtre No, un salon de thé, un jardin, des bureaux et l’observatoire Enoura.
Retourner à la source
En construisant cette fondation sur les terres d’Odawara, à 30 minutes de Tokyo, Hiroshi Sugimoto convoque avant tout ses souvenirs d’enfance, émaillés de trajets en train. « Je dois beaucoup à Odawara », confie-t-il. « Mes plus anciens souvenirs sont ceux de la mer vue depuis la fenêtre du train sur l’ancienne ligne Tokaido, d’Atami à Odawara. Lorsque le train sortait du tunnel, l’océan Pacifique apparaissait. Mes yeux s’ouvraient tout grand devant la ligne d’horizon qui s’étendait devant moi. À ce moment précis, je m’éveillais au fait que j’étais moi et que j’étais sur cette Terre. »
Mais l’architecte entend également avec ce projet retourner aux racines de la création. « Que devrait exprimer l’art aujourd’hui ? Il n’y a pas de réponse simple à cette question. Ce que nous pouvons faire est de retourner à la source de la conscience humaine, de l’explorer et retracer son chemin », détaille Hiroshi Sugimoto. « C’est la mission que j’avais en tête lorsque j’ai imaginé l’observatoire Enoura. »
Reprendre conscience des phénomènes naturels
L’observatoire a donc été conçu comme un moyen de retrouver les sensations qui parcouraient les êtres humains lorsqu’ils prenaient conscience du passage du temps et des saisons en mesurant la course du soleil.
« Mon but, en concevant ce complexe est de reconnecter les gens, visuellement et mentalement, avec les plus anciens souvenirs humains que sont les phénomènes naturels », explique Hiroshi Sugimoto. « Le solstice d’hiver, quand la vie renaît. Le solstice d’été, lorsque le pendule des saisons remonte à nouveau. Les équinoxes de printemps et d’automne, entre les extrêmes. »
Ainsi, l’observatoire Enoura, qui est en fait la partie visible de la fondation, est entièrement conçu pour mettre en valeur la lumière si particulière des équinoxes et des solstices. Cette structure en acier de 70 mètres de long, comme posée délicatement au milieu d’un jardin, offre par exemple, tous les 21 décembre, un spectacle incroyable : lors du lever du soleil, ses rayons illuminent la roche posée à l’entrée de l’observatoire, avant de se refléter sur le verre de la scène de théâtre nô, ce qui donne l’impression que les acteurs, en pleine performance, flottent dans le vide, au-dessus de la mer.
Perpétuer les traditions
Pour édifier son oeuvre, l’artiste a mis un point d’honneur à puiser dans les traditions et savoir-faire nippons, notamment en s’astreignant à respecter les préceptes du Sakuteiki, un ouvrage sur l’art du jardin remontant à l’époque de Heian, et en n’utilisant que des pierres anciennes. La région d’Odawara abrite de nombreux artisans, comme des forgerons ou charpentiers, maîtrisant des techniques séculaires, transmises au fil des générations. Hiroshi Sugimoto souhaitait les exploiter sur son chantier, afin de poursuivre leur préservation et leur transmission. « Dans ce monde matérialiste et consumériste, alors que tant de beauté naturelle a été détruite, nous avons plus que tout besoin de faire revivre ces anciennes traditions japonaises », précise-t-il.
Plus d’informations sur la Fondation Odawara et l’observatoire Enoura sur leur site internet.
© Odawara Art Foundation
© Odawara Art Foundation
© Odawara Art Foundation
© Odawara Art Foundation
© Odawara Art Foundation
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