“LSD: Dream Emulator”, une œuvre d’avant-garde sortie sur PlayStation
Dans ce jeu vidéo signé Osamu Sato et sorti en 1998, le joueur explore l'environnement surréaliste et psychédélique d'un rêve.
© Sony
LSD: Dream Emulator est un jeu vidéo développé par Asmik Ace Entertainment dans lequel le joueur parcourt différents niveaux ou « rêves » dans un environnement 3D en vue à la première personne. Il est conçu comme un rêve jouable qui propose un ensemble d’environnements surréalistes et psychédéliques à explorer. Osamu Sato, le créateur du jeu, s’est inspiré d’un journal écrit par Hiroko Nishikawa, conceptrice de jeux chez Asmik Ace Entertainment, qui a noté ses rêves pendant une dizaine d’années. Combiné avec des mécanismes de jeu créatifs, le journal sert de base de travail à Sato pour créer une œuvre d’une homogénéité aussi inquiétante qu’onirique.
Né à Kyoto en 1960, Osamu Sato est un artiste numérique, un photographe et un compositeur japonais qui vit et travaille actuellement à Tokyo. Il étudie la photographie et le design graphique à l’Institut de technologie de Kyoto, avant d’entamer une carrière en tant que directeur artistique. Il crée sa propre entreprise de divertissement indépendante connue sous le nom de Osamu Sato Design Office. C’est là qu’il élabore des projets multimédias, créant des œuvres indépendantes et des installations artistiques qui sont exposées à Tokyo au début des années 1990. En 1994, il décide de financer un nouveau studio, OutSide Directors Company, qui est toujours en activité aujourd’hui. Il organise sa première exposition en 1991, The Alphabetical Orgasm, une série d’arts graphiques par ordinateur saluée et couverte par de nombreux journaux japonais et étrangers. Après sa première exposition, il publie régulièrement de nouvelles œuvres d’art et étend ses activités en tant qu’artiste multimédia.
Son éclectisme le fait parcourir un certain nombre de supports différents pour s’exprimer, en commençant par la photographie et la musique avant de se tourner vers le design. Dans les années 1990, il s’intéresse au CD-ROM pour créer des expériences encore jamais vues dans les jeux vidéo. Cela se concrétise par la production d’un premier jeu sorti en 1994, Tong-Nou, connu en Occident sous le titre Eastern Mind. Puis il crée en 1998 un jeu sorti exclusivement au Japon sur la PlayStation, LSD: Dream Emulator. Osamu Sato a non seulement créé le jeu, mais a également composé la bande-son avant-gardiste de musique électronique qui comprend plus de cinq cent motifs musicaux fortement influencés par la musique du label anglais Warp.
« Ceci n’est pas un jeu »
LSD: Dream Emulator s’appuie sur un principe vidéoludique inhabituel, dans la mesure où le joueur n’a pas de mission ou d’objectif précis. Osamu Sato admet qu’il n’y a absolument aucun gameplay dans le jeu, puisque l’idée initiale est de faire une œuvre d’art contemporain en utilisant la PlayStation comme support de sa création artistique. La campagne promotionnelle annonce par ailleurs que « Ceci n’est pas un jeu » en référence à la célèbre légende du tableau La Trahison des images de René Magritte. Le jeu est un échec à son lancement, mais connaît un succès grandissant plus de vingt ans après sa sortie. L’artiste est étonné de voir un si jeune public venir à ses expositions, curieux de rencontrer le créateur du jeu culte LSD. Il est agréablement surpris par la popularité de son titre, notamment après la sollicitation du groupe de rock britannique Alt-J qui lui demande la permission d’utiliser des captures d’écran de LSD pour la pochette de leur album studio Relaxer (2017).
Aujourd’hui reconnu comme l’un des titres les plus expérimentaux de l’histoire des jeux vidéo, LSD: Dream Emulator est une expérience qui tient plus d’une œuvre d’art expérimentale que d’un jeu vidéo, où la logique laisse la place à l’onirisme, où le jeu laisse la place à l’émulation d’un rêve.
Plus d’informations à retrouver sur le site officiel d’Osamu Sato.
© Sony
© Sony
© Alt-J “Relaxer” (2017)
© Sony
LES PLUS POPULAIRES
-
“Les herbes sauvages”, célébrer la nature en cuisine
Dans ce livre, le chef étoilé Hisao Nakahigashi revient sur ses souvenirs d’enfance, ses réflexions sur l’art de la cuisine et ses recettes.
-
Shunga, un art érotique admiré puis prohibé
Éminemment inventives, se distinguant par une sexualité libérée, ces estampes de la période Edo saisissent des moments d'intimité sur le vif.
-
Le périple enneigé d’un enfant parti retrouver son père
Le film muet “Takara, la nuit où j'ai nagé” suit un jeune garçon sur la route, seul dans un monde d'adultes qu'il a du mal à appréhender.
-
L'homme qui construisait des maisons dans les arbres
Takashi Kobayashi conçoit des cabanes aux formes multiples adaptées à leur environnement et avec un impact limité sur la nature.
-
Les illustrations calligraphiques d'Iñigo Gutierrez
Inspiré du “shodo”, la calligraphie japonaise, l'artiste espagnol établi à Tokyo retranscrit une certaine nostalgie au travers de ses oeuvres.