Momo Okabe, une vie d’un autre genre

« Je suis parfois un homme, parfois une femme, et j’utilise un utérus tel un outil pour accoucher. » Ces mots inscrits par Momo Okabe dans la postface du livre présentant sa série Ilmatar (2020) donnent un premier indice, un aperçu du voyage auquel nous invite la photographe. Ici, l’artiste, dont l’asexualité est au cœur du travail, offre un témoignage brut d’une période de sa vie marquée par un nouveau bouleversement.

Née en 1981, Momo Okabe produit depuis plusieurs années — tout en gardant ses distances avec la scène artistique —, une œuvre abordant la question de la transition de genre. Ses premières publications Dildo (2013) et Bible (2014), documentent la transition de deux amis, dans leurs aspects les plus crus, bruts, et montrent leurs conséquences en termes de vie sociale. Elles ont été récompensées par le prestigieux Prix FOAM Paul Huf.

Paysage psychologique

Dans la mythologie finlandaise, Ilmatar (traduisible par « fille de l’air » ) est une grande déesse, semi-androgyne ;  une référence dont la pertinence est claire. Avec cette série de 147 clichés, Momo Okabe persiste à évoluer dans un environnement composé de tons bleus, jaunes, pourpres, rouges, où les codes associés aux couleurs sont bousculés. Si l’artiste capture ici une période de sa vie qui l’a vue donner naissance à sa fille, les photographies saisies entre 2014 et 2019 offrent un témoignage plus large. Les clichés y saisissent des instants, des visions, des émotions, des allégories ; un récit personnel composé de photographies de paysage, d’animaux, de ses amis.

Ce portrait d’émotions, de ressentis, qu’elle qualifie de « paysage psychologique » dans une interview accordée à Dazed, offre de par sa singularité un regard artistique sur la question de la relation à son corps, à son rapport avec son intimité, à la base du processus de grossesse et de maternité.

Ilmatar (2020), une série de Momo Okabe publiée par Mandarake.