Motoyuki Daifu et Michel Houellebecq, une alliance artistique
En image et en mots, “Hypermarché - Novembre” témoigne avec sincérité de la nature véritable et imparfaite de l’homme moderne.

© The Gould Collection
Publié en novembre 2018, Hypermarché – Novembre est le troisième titre de la série en hommage au défunt collectionneur Christophe Crison, “The Gould Collection”. L’objectif de ce projet est de rassembler les œuvres existantes de deux artistes contemporains, un photographe et un écrivain, dans un seul livre.
Ainsi, pour ce volume qui a reçu le Photo-Text Books Award 2019 aux Rencontres de la Photographie à Arles, quarante photographies du Japonais Motoyuki Daifu et cinq poèmes du Français Michel Houellebecq sont réunis. L’amour, la douleur, la famille, la vie quotidienne… Grâce aux clichés critiques et comiques issus du travail mené par le photographe nippon de 2009 à 2017 (Project Family, Still Life et Untitled (Surround)) et aux textes anthologiques de l’écrivain, gagnant du prix Goncourt en 2010 pour La carte et le territoire, de nombreux thèmes sociologiques sont explorés.
Une esthétique sans filtres
Dans Hypermarché – Novembre, traduit en français, japonais et anglais, les poèmes brutaux imprimés sur des pages dorées à la texture d’un papier à lettre sont illustrés par des images froides aux couleurs pâles. À travers l’objectif ou la plume, les deux artistes dépeignent la réalité d’une société.
Prises sur le vif, les photographies intimes reflètent des natures mortes de nourriture puis des extérieurs encombrés, vides ou marqués par le temps et enfin, des personnes dans leur environnement envahissant. Ainsi, Motoyuki Daifu offre un regard pénétrant sur le quotidien de sa propre famille mais aussi sur le monde anarchique dans lequel il vit et travaille, au Japon.
« Des destins se rassemblent, perplexes, / Immobiles », rédigeait Michel Houellebecq dans son recueil Non réconcilié : Anthologie personnelle 1991-2013 (2014). L’amour universel, la solitude, la tragédie, la rédemption… Dans ses textes courts se révèlent des instants perdus et où le temps semble suspendu. « L’univers a la forme d’un demi-cercle / Qui se déplace régulièrement / En direction du vide », racontait l’écrivain français dans Configuration du dernier rivage (2013).
Loin de l’idéalisation de la vie contemporaine, les deux hommes mettent en lumière une beauté qui ne se trouve que dans le désordre et l’égarement.
Hypermarché – Novembre (2018), un ouvrage de Motoyuki Daifu et Michel Houellebecq publié par The Gould Collection.

© Motoyuki Daifu

© The Gould Collection

© Motoyuki Daifu

© The Gould Collection
LES PLUS POPULAIRES
-
Dieu est connecté dans “Serial Experiments Lain”
Cet anime cyberpunk expérimental de la fin des années 1990 dépeint une réalité déformée à l'ère de la communication de masse.
-
Shoen Uemura, une femme pinceau au poing au tournant du siècle
Alors que l’ère Edo s’achève, les conventions qui limitent les femmes artistes persistent. Shoen Uemura s'est battue pour ouvrir la voie.
-
Sota Atsumi, un chef nature
Dans son restaurant Maison, ouvert en septembre 2019, il propose une cuisine gastronomique où l'attention se focalise sur les produits frais.
-
Le bonsaï, une représentation microcosmique de l’univers
Dans la série “Bonsai - Microcosms Macrocosms”, le photographe Masao Yamamoto met en perspective la nature et les créations humaines.
-
“Yopparai Tengoku”, le paradis des ivrognes
Kenji Kawamoto a parcouru Tokyo pour photographier ces “salaryman” endormis dans la ville, victimes d’une soirée trop arrosée.