Peindre l’état d’esprit d’une génération
Tetsuya Ishida, peintre de la “génération perdue” met en exergue dans son œuvre l’isolement et l’aliénation de la jeunesse japonaise.
© Tetsuya Ishida
Un enfant au visage aux airs de trou noir, des corps contraints, pliés, comme asservis dans un bureau donnant une légère impression de claustrophobie, d’autres modelés pour faire partie intégrante d’une chaîne de montage… Tetsuya Ishida semble malmener les humains dont il peint les traits sur ses toiles. Pourtant, il n’en est rien. L’oeuvre de l’artiste n’est selon lui qu’une allégorie de la société nippone qui tourmente ses membres, transformés en corps serviles et dociles.
Tetsuya Ishida est un peintre contemporain né en 1973. Après l’obtention de son diplôme de la Yaizu Central High School, il se lance dans un cursus de conception de communication visuelle à l’université des arts de Musashino dont il sort diplômé en 1996. Il se lance alors dans une carrière d’artiste peintre, qui connaîtra un succès important à la suite d’une vente de ses œuvres chez Christie’s sur l’art d’avant-garde d’Asie de l’est, organisée en 1998. Sa brève carrière sera interrompue après seulement dix ans, lorsque l’artiste meurt en 2005, écrasé par un train.
Représenter l’incertitude et la désolation
Représentant les membres de la “génération perdue” (1991-2001) — ceux qui ont grandi dans un contexte marqué par l’éclatement de la bulle immobilière et financière japonaise ayant plongé le pays dans une période de récession – Tetsuya Ishida n’a eu de cesse de chercher à traduire en peinture leur état d’esprit. Il explore les sentiments d’incertitude, de désolation, d’isolement, d’aliénation, dans un système mû par des impératifs de productivité et de compétitivité.
Une vingtaine d’œuvres de l’artiste ont été léguées par sa famille au musée d’art MOA situé dans la préfecture de Shizuoka dont est originaire Tetsuya Ishida et font désormais partie de la collection permanente.
Les oeuvres de Tetsuya Ishida sont représentées par la galerie Gagosian.
© Tetsuya Ishida
© Tetsuya Ishida
© Tetsuya Ishida
© Tetsuya Ishida
© Tetsuya Ishida
© Tetsuya Ishida
© Tetsuya Ishida
LES PLUS POPULAIRES
-
“Dans les eaux profondes”, un essai qui mêle intime et politique
Akira Mizubayashi décrypte dans son ouvrage le rituel du bain japonais, ciment d'une société dont il critique les nombreux travers.
-
À l’époque Edo, les criminels étaient tatoués
Les tatouages traditionnels avaient une signification très forte, les meurtriers étaient tatoués sur le visage, les voleurs sur le bras.
-
“Pachinko” - le flipper japonais
Les flippers japonais, très lucratifs malgré l'interdiction des jeux d'argent dans le pays, cachent une réalité sociale peu reluisante.
-
La vitalité du cinéma japonais contemporain se déploie dans toute la France
La 17e édition du festival Kinotayo programme des films modernes, tendres et aux récits nécessaires visibles en région jusqu’au 31 janvier.
-
La Benesse House, un hôtel-musée d’art sur l’île de Naoshima
Conçue par Tadao Ando, la Benesse House est un lieu de villégiature idéal pour les visiteurs en quête d’art, de nature et d’architecture.