Tokyo Rumando, provoquant face à face
Au fil des photographies réunies dans “The Story of S”, l'artiste interroge le regard du public sur la question de l'identité et sa mutation.
'S', 2018 | Copyright Tokyo Rumando, courtesy of IBASHO
Mannequin, auteure, maquilleuse, ou performeuse, Tokyo Rumando met en scène son corps et son environnement dans les clichés en noir et blanc de son projet The Story of S, publié en 2018.
L’artiste japonaise — qui travaille sous pseudonyme — est née en 1980. Autodidacte, elle a notamment posé pour Daido Moriyama et Nobuyoshi Araki, et précise « être devenue artiste en 2005 ». Outre les mises en scène de sa propre personne, souvent dénudée, elle s’intéresse aux artistes de rakugo, ces conteurs populaires de l’art du divertissement japonais qui travaillent avec les « mots déchus ».
Une identité cachée
Dans The Story of S, présenté en 2018 à la Zen Foto Gallery et début 2020 au Museum Folkwang d’Essen, l’artiste « incorpore des éléments du monde du théâtre, qui transforment ses autoportraits en une pièce, et plonge le spectateur dans un autre temps et un autre espace », détaille le communiqué lié à l’exposition.
S is Story
She=S
S=Sexualviolet
S is es
S is Sandglass
Sayonara S
Manifeste de l’artiste à propos de l’ouvrage
Devant et derrière la caméra, Tokyo Rumando s’impose dans un monde de la photographie à prédominance masculine. A travers ses photographies en noir et blanc, elle développe sa propre vision de l’identité, de la sexualité et de l’intimité, et reprend le langage visuel radical de la photographie japonaise des années 60 et 70. Tokyo Rumando joue avec le public, l’amène à s’interroger sur le désir, sur une identité en perpétuelle évolution.
Elle s’efface dans un décor, s’y adapte. En parallèle des autoportraits, où elle se met dans la peau d’une geisha, de Marilyn Monroe ou d’une vamp, elle présente des clichés de son univers, matérialisé par une coiffeuse ou un ventilateur, par l’ombre d’un chat qui apparaît sur une photo, ou le mur d’une prison et son fil de fer barbelé.
Parmi ses précédents projets, Rest 3000 Stay 5000 l’avait amenée à visiter une vingtaine de maisons closes de Tokyo et à y réaliser des autoportraits. Son travail est notamment présenté par la Ibasho Gallery de Antwerp.
The Story of S (2018), un livre de photographies par Tokyo Rumando publié par la Zen Foto Gallery.
'S', 2018 | Copyright Tokyo Rumando, courtesy of IBASHO
'S', 2018 | Copyright Tokyo Rumando, courtesy of IBASHO
'S', 2018 | Copyright Tokyo Rumando, courtesy of IBASHO
'S', 2018 | Copyright Tokyo Rumando, courtesy of IBASHO
'S', 2018 | Copyright Tokyo Rumando, courtesy of IBASHO
'S', 2018 | Copyright Tokyo Rumando, courtesy of IBASHO
'S', 2018 | Copyright Tokyo Rumando, courtesy of IBASHO
'S', 2018 | Copyright Tokyo Rumando, courtesy of IBASHO
'S', 2018 | Copyright Tokyo Rumando, courtesy of IBASHO
LES PLUS POPULAIRES
-
“Les herbes sauvages”, célébrer la nature en cuisine
Dans ce livre, le chef étoilé Hisao Nakahigashi revient sur ses souvenirs d’enfance, ses réflexions sur l’art de la cuisine et ses recettes.
-
Shunga, un art érotique admiré puis prohibé
Éminemment inventives, se distinguant par une sexualité libérée, ces estampes de la période Edo saisissent des moments d'intimité sur le vif.
-
Le périple enneigé d’un enfant parti retrouver son père
Le film muet “Takara, la nuit où j'ai nagé” suit un jeune garçon sur la route, seul dans un monde d'adultes qu'il a du mal à appréhender.
-
L'homme qui construisait des maisons dans les arbres
Takashi Kobayashi conçoit des cabanes aux formes multiples adaptées à leur environnement et avec un impact limité sur la nature.
-
Les illustrations calligraphiques d'Iñigo Gutierrez
Inspiré du “shodo”, la calligraphie japonaise, l'artiste espagnol établi à Tokyo retranscrit une certaine nostalgie au travers de ses oeuvres.