Une œuvre tombée du sel
L’artiste japonais Motoi Yamamoto réalise de grandes sculptures et installations éphémères à partir d’un élément unique : le sel.
“Return to the Sea Projekt, Floating garden”, 2013 Salt, Ernst Barlach Haus Hamburg, Foto: Andreas Weiss © Mikiko Sato Gallery
Ses œuvres éphémères explorent les questions du deuil, du chagrin, de la perte, mais également du souvenir.
Né en 1966 à Onomichi, dans la préfecture de Hiroshima, et diplômé de l’Université des beaux-arts de Kanazawa, Motoi Yamamoto a perdu sa sœur en 1994, des suites d’un cancer du cerveau. Ce tragique événement est le point de départ de son travail, chaque grain de sel pouvant ainsi être associé à un souvenir de moments partagés avec elle.
Des œuvres qui évoluent au fil du temps
Dans la religion shinto, le sel symbolise la purification et a une place centrale dans les rites mortuaires. Ainsi, à la fin des funérailles, la coutume veut que l’on jette du sel sur soi-même, pour chasser les mauvais esprits.
La mise en place des installations de Motoi Yamamoto est un travail fastidieux, réalisé à l’aide d’une poche à douille. L’achèvement de l’œuvre ne marque pas la fin de l’acte créatif, car l’artiste convie le public lors de la destruction de la réalisation. Afin de réaliser ses installations, qui prennent la forme de labyrinthes, escaliers, ou tourbillons, l’artiste ajoute de l’eau au sel et chauffe le mélange afin de créer des structures solides, associées à des parties en « sel brut ». Ces œuvres fragiles et délicates évoquent la finitude de la vie, de notre passage sur terre, et changent en fonction de l’évolution de l’environnement, du taux d’humidité, à la manière de marques du temps.
Parmi ses créations, citons Utsusemi, un escalier composé de briques de sel, notamment réalisé au MoMa P.S.1 de New York ou au Nizayama Forest Art Museum de Toyama, ou son oeuvre la plus célèbre, Labyrinth, mise en place dans des dizaines de lieux, dont le Bellevue Arts Museum de Washington et le 21th Century Museum of Contemporary Art de Kanazawa.
Le travail de l’artiste prend également des formes plus pérennes, à travers des sculptures, dessins ou peintures, à découvrir sur son site internet et sur celui de sa galerie, Mikiko Sato.
“Floating garden”, 2013 Salt, Ernst Barlach Haus Hamburg, Foto: Andreas Weiss © Mikiko Sato Gallery
Motoi Yamamoto, “Labyrinth”, 2010, Salt, diameter 12m, Sankt Peter Köln, Foto: Worring Stefan © Mikiko Sato Gallery
“Utsusemi”, 2003 - © The artist & P.S.1 Contemporary Art Center, New York
“Return to the Sea Projekt”, 2010, Sankt Peter Köln © Mikiko Sato Gallery
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