Yasuyuki Takagi, le marronnier et l’archive
Les photographies réunies dans “Marronnier” interrogent les notions d'impermanence, de domicile et d'archive et exposent un récit familial.

“Marronnier” avec l'aimable permission de Yasuyuki Takagi
Né à Tokyo, le photographe et réalisateur Yasuyuki Takagi a longtemps vécu aux États-Unis. En 2014, après 22 ans passés à l’étranger, il retourne au Japon. « Curieusement, mon esprit, mon corps et moi-même voulions retrouver un ancrage, et aller de l’avant, là où je m’étais arrêté il y a des décennies », explique le photographe.
Ce sentiment de perte de repères, ou peut-être de choc culturel inversé, a conduit l’artiste à produire le livre Marronnier. Il réunit ici des photographies issues d’archives familiales, y compris des négatifs non développés, des films polaroïds périmés et des images prises par le photographe lui-même.
La non-linéarité de la mémoire
C’est au cours de ce projet que Yasuyuki Takagi a saisi le mouvement qui naît de sa relation à sa famille et au lieu. « La collecte des négatifs et la réalisation des photographies se sont étalées sur plus de 20 ans. Je pense que les photographies rapprochent les gens et leur permettent de prendre conscience de ce qui anime celles-ci », explique l’artiste à Pen. « Ce projet m’a permis de beaucoup apprendre sur mes proches, sur leurs différentes personnalités, davantage que ce qu’il est possible de savoir uniquement en regardant ces photographies. »
Composé de fragments de photos et de textes — produits par l’artiste et écrivaine française Marcelline Delbecq —, ce travail reflète la non-linéarité de la mémoire, et n’a pas été réalisé de manière méthodique, mais plutôt en suivant des fils apparus au cours du processus. « C’est en avançant dans ce projet que j’ai compris que les photographies que j’ai collectées et prises étaient principalement des saluts, des adieux, de l’amour et des pertes », explique Yasuyuki Takagi. « J’ai passé plus de deux ans à ajouter et retirer des images, jusqu’à ce que je sente que j’avais trouvé un fil qui reliait des choses très diverses. »
Romantique, nostalgique et méticuleux, Marronnier est évidemment une vision subjective guidée par le regard de Yasuyuki Takagi sur ses archives personnelles. Pourtant, de ce travail sur la mémoire et les relations humaines, émane un sentiment d’universalité.
Marronnier, qui sera prochainement publié sous forme de livre par Yasuyuki Takagi, a été présélectionné en 2019 pour le Dummy Book Award dans le cadre des Rencontres de la photographie d’Arles.

“Marronnier” avec l'aimable permission de Yasuyuki Takagi

“Marronnier” avec l'aimable permission de Yasuyuki Takagi

“Marronnier” avec l'aimable permission de Yasuyuki Takagi

“Marronnier” avec l'aimable permission de Yasuyuki Takagi

“Marronnier” avec l'aimable permission de Yasuyuki Takagi

“Marronnier” avec l'aimable permission de Yasuyuki Takagi

“Marronnier” avec l'aimable permission de Yasuyuki Takagi

“Marronnier” avec l'aimable permission de Yasuyuki Takagi

“Marronnier” avec l'aimable permission de Yasuyuki Takagi

Text by Marcelline Delbecq, ‘Marronnier’ courtesy of Yasuyuki Takagi

“Marronnier” avec l'aimable permission de Yasuyuki Takagi

“Marronnier” avec l'aimable permission de Yasuyuki Takagi
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