“Yopparai Tengoku”, le paradis des ivrognes
Kenji Kawamoto a parcouru Tokyo pour photographier ces “salaryman” endormis dans la ville, victimes d’une soirée trop arrosée.
![](https://pen-online.com/fr/wp-content/uploads/2022/03/02124931/Yopparai-Tengoku_7.jpg)
© Kenji Kawamoto
« J’ai pris ces photos avec un véritable sentiment de respect pour les personnes qui y figurent. Je ne crois pas que l’état dans lequel se trouvent mes sujets soit minable en quoi que ce soit. Je peux sentir qu’ils ont connu des difficultés et de la fatigue pour en arriver là », explique Kenji Kawamoto pour expliquer la genèse de sa série photographique Yopparai Tengoku, littéralement, « le paradis des ivrognes ».
Un titre qui fait écho et hommage au film éponyme de Minoru Shibuya, sorti en 1962. Une satire sociale qui dénonce la trop grande tolérance de la société japonais à l’alcoolisme.
L’épuisement des limites
Assoupis dans des escaliers. Allongés sur les marches ou adossés aux rampes. Endormis sur le revêtement froid d’une gare ou d’un trottoir. Seuls ou avec leurs comparses de beuverie. Tantôt encore habillés, tantôt le corps entours de leurs effets personnels : vestes, chaussures, chaussettes et attaché-case…
Les corps de salaryman qu’a photographiés Kenji Kawamoto se déplient de manière multiple dans la plus grande mégalopole du monde. « Mes photographies sont un témoignage des personnes qui ont atteint leur limite et épuisé leurs forces après le travail quotidien », confie le photographe qui a arpenté des jours durant les rues de la capitale japonaise, de la nuit tombée jusqu’au petit matin, lorsque les corps se réaniment, prêts à reprendre leur mécanique. « Chacun a des fardeaux différents, mais tous vivent à un rythme effréné. Les gens boivent avec leurs amis en récompense d’une dure journée de travail avant d’en affronter une nouvelle comme des guerriers », poursuit-il.
Un travail qui n’est pas sans rappeler celui initié par la réalisatrice Allegra Pacheco qui entoure les corps de ces salaryman épuisés de poudre blanche, la même qui permet à la police scientifique de marquer la place d’un corps dans l’espace.
Yopparai Tengoku (2014), une série de photographies par Kenji Kawamoto à retrouver sur son site internet.
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© Kenji Kawamoto
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© Kenji Kawamoto
![](https://pen-online.com/fr/wp-content/uploads/2022/03/02124919/Yopparai-Tengoku_5.jpg)
© Kenji Kawamoto
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© Kenji Kawamoto
![](https://pen-online.com/fr/wp-content/uploads/2022/03/02124857/Yopparai-Tengoku_2.jpg)
© Kenji Kawamoto
![](https://pen-online.com/fr/wp-content/uploads/2022/03/02124844/Yopparai-Tengoku_1.jpg)
© Kenji Kawamoto
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