Yumi Karasumaru, des récits personnels pour une histoire commune
Les performances de la série “Story-Teller” de l’artiste invitent le public à réfléchir à ce qui frappe une culture.
Scene from the performance: “The Story Teller – il narratore - KOROSU (to Kill)”. Bologna 2013
Yumi Karasumaru a un don. Elle maîtrise l’art de conter des histoires, des récits, d’emporter le public dans un univers associant les modes de représentation du théâtre et de la peinture traditionnelle japonaise, dans une démarche artistique et intellectuelle ô combien contemporaine.
L’artiste, aujourd’hui installée entre Bologne, en Italie, et Kawanishi, est née en 1958 à Osaka. Au fil de sa carrière, son œuvre a eu pour cadre une volonté d’interroger le rapport actuel de la société japonaise à son identité et son histoire, bousculées par la violence, la mondialisation, et le changement de modes de vie qu’elle a provoqués.
Redonner du sens au monde
Son départ pour l’Italie a été un tournant dans sa pratique. « Je cherchais un moyen de regarder mon pays de loin. Déménager en Italie m’a permis de me confronter aux différences de culture et de mentalité », explique Yumi Karasumaru à Pen. C’est avec ce recul que l’artiste a, au fil des années, sélectionné des textes ayant pour point commun « la profondeur des “pensées – sentiments” humains. »
Ainsi, à travers les différentes versions de ses performances — Il narratore (2020), Kataribe (2019), The Four Pop Songs (2018) etc, — faisant partie de la série The Story-teller, le principe est le même. Face au public, Yumi Karasumaru lit des passages de textes, et se fond avec des œuvres projetées sur le mur, notamment ses propres peintures. Ici, les histoires font des images, les images donnent naissance à des images. « Le monde change actuellement sous l’effet de la pandémie. Je souhaite que les jeunes, face à ces tragédies, eux qui portent l’avenir de l’humanité, construisent un monde pacifique avec courage et force », poursuit l’artiste.
La pandémie mondiale du Covid-19 a par ailleurs amené Yumi Karasumaru à faire évoluer sa pratique, avec un nouveau projet intitulé Yumi-transformer, Life Changing Program 2020-2021. Inspirée par DaiGo, un jeune Youtuber japonais reconnu comme mentaliste et auteur, Yumi encourage le public à travailler sa force mentale, à pratiquer des activités méditatives qui vont de la couture à l’épluchage des pommes de terre et ainsi, à échapper à l’atmosphère anxiogène de notre société.
The Story-teller (2010-), une série de performances par Yumi Karasumaru à retrouver sur le site internet de l’artiste.
Scene from the performance: “The Story Teller – il narratore - KOROSU (to Kill)”. Bologna 2013
Scene from the performance: “The Story Teller – il narratore - KOROSU (to Kill)”. Bologna 2013
Scene from the performance: “The Story Teller – il narratore - KOROSU (to Kill)”. Bologna 2013
LES PLUS POPULAIRES
-
Chiharu Shiota, fils rouges de l'âme
L’année dernière, plus de 660 000 personnes ont visité la rétrospective Chiharu Shiota: The Soul Trembles au musée d’art Mori.
-
Le bondage fait art par Hajime Kinoko
L'artiste transcende la pratique du “shibari” dans des oeuvres où les fils et non plus les corps prennent la vedette.
-
« Quand le vent a soufflé sur les braises, il reste les petites pépites », Haruomi Hosono par Laurent Brancowitz, guitariste de Phoenix
Depuis ses débuts, le groupe pop rock français est inspiré par la musique japonaise des années 1970 et l'une de ses icônes.
-
AD DESIGNLe label Artisanat traditionnel japonais, riche de son passé et intemporel
Au Japon, un pays ancré dans la tradition, les savoir-faire artisanaux se transmettent de génération en génération.
-
Maquereau grillé façon kabayaki par Tim Anderson
Le chef américain revisite les traditionnelles anguilles kabayaki japonaises en faisant varier l'ingrédient principal.