Le passé englouti de “Lake of Heaven”
Michiko Ishimure questionne dans ce roman la manière de faire perdurer les traditions après avoir vu son village recouvert par les eaux.
© Rowman Editions
Lorsque l’on a vu son village, sa maison, se faire engloutir par les eaux à la suite de la construction d’un barrage hydraulique, comment faire pour perpétuer la communauté, les liens tissés, conserver la culture traditionnelle, les chants, danses, musiques et mythologies ? Voilà le questionnement qui innerve Lake of Heaven, le roman de Michiko Ishimure.
Cette dernière est une écrivaine et activiste japonaise, née en 1927 sur l’île d’Amakusa, au large de la préfecture de Kumamoto au sud-ouest de l’île de Kyushu. Institutrice, elle découvre un jour les empoisonnements au mercure dont 10 000 personnes ont été officiellement victimes dans la baie de Minamata de sa région natale, de 1956 à 1968. Elle se lance alors dans un travail de compilation de témoignages et permet de médiatiser, par ses écrits et notamment Mer de souffrance, terre de lumière, cette maladie dénommée « maladie de Minamata ». Elle signe un autre ouvrage sur le sujet, Story of the Sea of Camellias.
L’environnement au coeur de son oeuvre
La plupart des œuvres de Michiko Ishimure mettent en lumière des problématiques environnementales. Lake of Heaven ne fait pas exception. Pour ce roman qui mêle contes, rêves et mythes, elle s’inspire d’une véritable construction de barrage ayant détruit un village : celui de Mizukami-mura, toujours dans la préfecture de Kumamoto. Ce barrage, construit en 1960 pour lutter contre les inondations et produire de l’électricité, a nécessité de déplacer les habitants quelques kilomètres plus loin. Lake of Heaven raconte l’après, l’arrachement à la terre, à ses racines et son foyer. Mais questionne aussi l’immatérialité : le savoir, les coutumes et traditions ont davantage besoin d’humains pour perdurer qu’un cadre matériel. Même si, en recouvrant un village par les eaux, on fait disparaître bien plus que des maisons traditionnelles en bois.
Lake of heaven (2008), un roman de Michiko Ishimure publié par Lexington Books (uniquement en anglais).
LES PLUS POPULAIRES
-
Recette d'“okayu” issue du film “Princesse Mononoké”
Cette soupe de riz assaisonnée avec du miso est servie par un moine à Ashitaka, un des héros du long métrage de Hayao Miyazaki.
-
Un jardin pittoresque niché au coeur du musée d’art d’Adachi
Conçu selon la technique dite du “shakkei” cet espace vert est lauréat, depuis 2002, du titre du plus beau jardin du Japon.
-
Les origines de la Itajime Shirt d’Issey Miyake
Du nom d'une technique de teinture kyotoïte, cette chemise met à profit les techniques de plissé du créateur pour un rendu coloré d'exception.
-
L'audace d'après-guerre du mouvement japonais Gutai
Ce courant incarne le renouveau de l'art japonais en apportant une importance considérable aux matériaux et à la performance.
-
La Benesse House, un hôtel-musée d’art sur l’île de Naoshima
Conçue par Tadao Ando, la Benesse House est un lieu de villégiature idéal pour les visiteurs en quête d’art, de nature et d’architecture.