“Petites boîtes”, faire son deuil
Dans ce roman aux airs fantastiques, Yoko Ogawa explore la question du deuil vécu par des parents ayant perdu leur enfant.

© Actes Sud
Mais que trouve-t-on dans cette multitude de petites boîtes en verre, qui servaient autrefois à protéger les vestiges du musée d’histoire locale ? Voilà la question qui innerve le début de ce roman aux traits qui frôlent le fantastique. Car l’auteure Yoko Ogawa nous conte l’histoire d’une femme qui vit dans une ancienne école maternelle, une vie où tout est conçu en miniature, portes, fenêtres, tables ou encore interrupteurs, et que l’occupante des lieux n’a pas tenu à remettre à échelle adulte, lui donnant parfois l’impression que même son corps rétrécit.
Au fil des pages, la narratrice fait la rencontre d’un dentiste reconverti en luthier, d’un baryton qui ne s’exprime qu’en chantant ou encore d’une femme qui n’emprunte désormais plus qu’une poignée de chemins, toujours identiques. Tous ont un point commun, ils ont perdu un enfant et souhaitent, d’une manière ou d’une autre, entrer en contact avec lui le temps d’un instant.
Chérir les absents
Petites boîtes raconte le deuil, le poids des absents pourtant toujours terriblement présents par le vide qu’ils ont laissé derrière eux. Yoko Ogawa rappelle dans ce roman l’importance de la mémoire et la peur incommensurable de voir les souvenirs se dissiper et les contours des aimés devenir de plus en plus flous au fur et à mesure que le temps passe.
Petites boîtes, son 26ème roman traduit en français n’en est pas pour autant un ouvrage nostalgique ou mélancolique, si on y chérit les absents, c’est bien la vie qui prend encore et toujours le dessus.
Petites boîtes (2022), un roman de Yoko Ogawa publié aux éditions Actes Sud.
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