“Phénix, l’oiseau de feu”, le classique immortel d’Osamu Tezuka
Oeuvre essentielle du “parrain du manga”, ce récit de réincarnation s'empare des questionnements autour de l'existence.
“Phoenix” © 2003 par Tezuka Productions
Écrit par intermittence tout au long des années 1960, 1970 et 1980, cette ultime incursion philosophique d’Osamu Tezuka, grand pionnier du manga, se caractérise par une trame narrative couvrant de larges espaces-temps. Phénix, l’oiseau de feu est considéré comme étant l’oeuvre de sa vie, alors que son récit colossal traite de la quête d’immortalité. Le phénix, oiseau légendaire de feu, est un motif ancien représentant la transcendance dans de nombreuses cultures. Ici, il tient un rôle central dans des dessins ancrés dans d’anciennes histoires autant que dans des futurs lointains.
Les divers personnages de Phénix, l’oiseau de feu reviennent à plusieurs reprises dans des temporalités différentes du récit, grâce à un jeu sur le rôle des ancêtres et de leurs descendants. Chaque ère porte son lot de calamités et défis alors que flotte la promesse de la vie éternelle, incarnée par le phénix dont le sang est sensé accorder l’immortalité. A chaque fois, l’humanité est sujette à de profonds questionnements existentiels. Les mangas d’Osamu Tezuka sont réputés avoir donné forme à cet art. Mais Phénix, l’oiseau de feu, à la fois drame historique et récit créatif de science-fiction, s’empare de la pop culture pour traiter de questions fondamentales à l’univers.
Renaître de ses cendres
Originaire d’Osaka, Osamu Tezuka est connu sous le nom de « père » ou « parrain » du manga pour ses techniques innovantes. Si les débuts du manga remontent aux gravures d’Edo, son oeuvre a consolidé les premières versions du manga moderne, en y incorporant de la pop culture américaine et l’influence grandissante de l’industrie du cinéma. Souvent considéré comme l’équivalent japonais de Walt Disney, Osamu Tezuka s’est inspiré des films de Disney dans ses personnages aux grands yeux, dans lesquels on retrouve aussi le glamour romantique de la troupe féminine très populaire de la revue Takarazuka. Ses dessins éclatants, composés avec simplicité et un regard cinématographique, ont reçu de nombreux éloges, et en particulier ses premières oeuvres à destination des enfants : Astro le petit robot, Princesse Saphir et Le roi Léo. Ses oeuvres plus tardives reprennent plutôt des éléments du gekiga, un genre plus littéraire et brut de manga devenu populaire dans les années 1960, et constituent un corpus à destination des adultes comme Phénix, l’oiseau de feu.
Parmi ses nombreux mangas considérés comme des classiques, Phénix, l’oiseau de feu est probablement l’oeuvre la plus personnelle d’Osamu Tezuka. Il en a début l’écriture dans les années 1950, au début de sa carrière, et l’a publiée en série en plusieurs phases et dans divers magazines sur plusieurs décennies. La série s’est interrompue brutalement à sa mort en 1989. Plusieurs volumes ont été adaptés en films d’animation et un live-action a même été produit à partir du premier chapitre L’aube avec la participation d’acteurs japonais reconnus. Phénix, l’oiseau de feu reste inachevé mais sa mise en scène de thèmes métaphysiques reflète une vision originale de l’Histoire et des prédictions pour le futur inspirées des cycles bouddhiques de réincarnation. Alors que la popularité et l’influence de son auteur restent intactes, son récit cosmique en lui-même contient un élément d’éternité.
Phénix, l’oiseau de feu (1954-1988), un manga en plusieurs tomes par Osamu Tezuka disponible en français aux éditions Delcourt.
“Phoenix” © 2003 par Tezuka Productions
“Phoenix” © 2003 par Tezuka Productions
“Phoenix” © 2003 par Tezuka Productions
“Phoenix” © 2003 par Tezuka Productions
“Phoenix” © 2003 par Tezuka Productions
“Phoenix” © 2003 par Tezuka Productions
“Phoenix” © 2003 par Tezuka Productions
“Phoenix” © 2003 par Tezuka Productions
“Phoenix” © 2003 par Tezuka Productions
LES PLUS POPULAIRES
-
“Contes de pluie et de lune”, récits fantomatiques nippons
Ueda Akinari signe, avec ce recueil, une oeuvre considérée comme une des plus importantes de la fiction japonaise du XVIIIème siècle.
-
Stomu Yamashta, le plus grand percussionniste du monde
Le disque culte “Sunrise from West Sea” (1971) relate son incursion dans l'univers du free-jazz et du rock psychédélique japonais.
-
“Shibui”, l’élégante sobriété
La complexité de ce concept japonais réside dans son ambivalence : il oscille entre l’astringence et la beauté épurée.
-
“Le sauvage et l’artifice”, schizophrénie japonaise
Dans son ouvrage, le géographe et orientaliste Augustin Berque souligne le rapport ambivalent qu’entretiennent les Japonais avec la nature.
-
“Buto”, la danse des ténèbres révolutionnaire
Né dans un contexte d’après-guerre rythmé par des mouvements contestataires, cet art subversif rejette les codes artistiques traditionnels.