Satoshi Ashikawa, parrain de la “Kankyo Ongaku”
Œuvre fondatrice, “Still Way (Wave Notation 2)” est l'unique album enregistré par le leader de la musique ambient japonaise.
Satoshi Ashikawa, avec l'aimable autorisation de WRWTFWW Records.
Délicatement, notes après notes, Still Way (Wave Notation 2) (1982) a le pouvoir de tout emporter. Subtiles et touchantes ses tonalités de piano, de harpe et de vibraphone deviennent plus profondes, entraînent le public au fil de ses douces ondulations, avant de retomber dans le silence.
Alors que la musique ambient japonaise est en pleine renaissance, l’unique album de son précurseur et ambassadeur Satoshi Ashikawa — compositeur minimaliste, musicien et disquaire —, guide les nouvelles générations. La popularité de ses rééditions par le label suisse WRWTFWW témoigne de l’intemporalité de son travail.
Façonner le silence
Via son propre label Sound Process, Satoshi Ashikawa a publié Still Way dans le cadre de sa série “Wave Notation”, aux côtés de Music For Nine Post Cards de Hiroshi Yoshimura et des interprétations d’Erik Satie par Satsuki Shibano. Still Way résume la conception du minimalisme de l’artiste, et a été un moteur de la diffusion de la kankyo ongaku (ou « musique environnementale ») — un terme générique utilisé pour décrire la « spacious music » qui, comme l’explique Satoshi Ashikawa dans les notes associées à son album, « pourrait flotter dans l’air telle de la fumée, et s’intégrer à notre environnement ».
La kankyo ongaku témoignait d’un regain d’intérêt pour le travail de compositeurs occidentaux — Erik Satie, John Cage et Brian Eno —, dont la radicalité tendait à proposer une expérience musicale plus passive, et à se concentrer sur l’atmosphère créée. Mais cette manière d’envisager l’ambiance, avec de la « musique pensée comme un meuble » selon la définition de Brian Eno, a trouvé un écho particulier dans l’environnement culturel japonais. Les éléments sonores sont historiquement liés à l’esthétique traditionnelle, et permettent de capturer une temporalité au sein d’articulations minimales ; de la même manière, l’influence des compositeurs étrangers s’était infiltrée au Japon dans les années 1980, alors que l’évolution technologique révolutionnait l’utilisation du synthétiseur. Portée par les nouvelles possibilités en termes de conception sonore, Still Way est devenue l’une des œuvres les plus importantes du genre, au même titre que Through The Looking Glass de Midori Takada et Green de Hiroshi Yoshimura.
Dans sa boutique, Art Vivant, Satoshi Ashikawa fut le premier à importer au Japon les disques de Brian Eno, aux côtés d’autres productions avant-gardistes. Son action a été déterminante dans la relation entre les minimalistes internationaux et les acteurs de la scène ambient au Japon. Il n’a cependant jamais pu mesurer l’influence de son travail, étant décédé dans un accident un an après sa sortie. L’objectif ultime de sa musique était de permettre, dans une société moderne saturée de bruit, d’amener le public à se concentrer sur l’essentiel.
Still Way (Wave Notation 2) (1982) est disponible sur le site internet de WRWTFWW.
Satoshi Ashikawa, avec l'aimable autorisation de WRWTFWW Records.
Wave Notation Series. Avec l'aimable autorisation de WRWTFWW Records.
Satoshi Ashikawa, avec l'aimable autorisation de WRWTFWW Records.
Satoshi Ashikawa “Still Way — Wave Notation 2” (1982), avec l'aimable autorisation de WRWTFWW Records.
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