Vivre le deuil au temps de Fukushima
Dans son court-métrage “Homesick”, Koya Kamura met en scène l’histoire d’un père qui arpente la zone interdite pour y retrouver son fils.
© “Homesick”, Koya Kamura - Manifest Pictures
Comment faire le deuil d’êtres chers mais également d’un lieu de vie, lorsque celui-ci est encerclé de barricades et interdit à toute présence humaine ? Ce sont ces thèmes que le réalisateur Koya Kamura explore dans son premier court-métrage de fiction Homesick, sorti en 2018.
C’est après les événements de 2011 que Koya Kamura, diplômé en cinéma et alors réalisateur de publicité, a eu envie d’écrire ce court-métrage. Pendant 27 minutes, le spectateur suit Murai, originaire de la préfecture de Fukushima, dévastée par le tremblement de terre, le tsunami et l’accident nucléaire qui ont touché la côte japonaise en 2011. Le film a été sélectionné dans la catégorie meilleur court-métrage de la compétition officielle des César 2021.
Un tournage en zone sinistrée
Le quadragénaire, qui vit dans un camp de déplacés où se succèdent sur des centaines de mètres des baraquements préfabriqués, se rend régulièrement dans la zone sinistrée. En tant que « collectionneur », il aide ses voisins à remettre la main sur des objets qu’ils ont été obligés de laisser derrière eux, mais il cherche surtout avec obstination la balle de baseball de son fils de huit ans. Ce dernier apparaît à ses côtés, mais étrangement simplement vêtu d’un t-shirt alors que Murai est, lui, recouvert intégralement d’une combinaison de protection, porte un masque à gaz et dépend des avertissement sonores de son compteur Geiger.
Pour le tournage, qui a duré sept jours, Koya Kamura a obtenu l’autorisation de la part des autorités japonaises de filmer durant une journée au cœur de la zone sinistrée, accompagné de son chef opérateur et d’un assistant. Sur l’écran se dessinent alors des voitures abandonnées, des maisons délabrées, qui contrastent avec la nature presque luxuriante qui a repris ses droits et se réimplante au milieu des décombres. Un décor au milieu duquel Murai devra vaincre ses fantômes pour continuer à vivre et, comme le souligne la voix enfantine de son fils, « si tu m’aimes, ne reviens pas. Ce n’est pas un endroit pour les vivants. »
Homesick (2018), un court-métrage de Koya Kamura disponible sur le site d’Arte.
© “Homesick”, Koya Kamura - Manifest Pictures
© “Homesick”, Koya Kamura - Manifest Pictures
© “Homesick”, Koya Kamura - Manifest Pictures
© “Homesick”, Koya Kamura - Manifest Pictures
© “Homesick”, Koya Kamura - Manifest Pictures
© “Homesick”, Koya Kamura - Manifest Pictures
© “Homesick”, Koya Kamura - Manifest Pictures
© “Homesick”, Koya Kamura - Manifest Pictures
© “Homesick”, Koya Kamura - Manifest Pictures
© “Homesick”, Koya Kamura - Manifest Pictures
© “Homesick”, Koya Kamura - Manifest Pictures
© “Homesick”, Koya Kamura - Manifest Pictures
LES PLUS POPULAIRES
-
Guide de survie en société d'un anti-conformiste, épisode 1 : Les choses que je fais en secret pour éviter qu’on ne lise dans mes pensées
Dans cette série, l'auteur Satoshi Ogawa partage les stratégies originales qu’il met en place pour faire face aux tracas du quotidien.
-
Chiharu Shiota, fils rouges de l'âme
L’année dernière, plus de 660 000 personnes ont visité la rétrospective Chiharu Shiota: The Soul Trembles au musée d’art Mori.
-
Kodo Nishimura ou comment le bouddhisme accompagne la communauté LGBTQ+
D’enseignements sacrés millénaires, ce jeune moine a su tirer des notions d’inclusivité et d’expression aussi modernes que nécessaires.
-
Mokuren, des couteaux japonais pour tous
Imaginés par Elise Fouin et le coutelier Yutaka Yazaki, ces ustensiles s’adaptent au marché européen sans sacrifier à la technicité nippone.
-
Umami Paris, des ingrédients japonais haut de gamme
Cette épicerie spécialisée dans les produits artisanaux de qualité se fournit directement auprès de petits producteurs japonais.