WaqWaq Kingdom, musique d’un folklore ultramoderne
Le duo de Shigeru Ishihara et Kiki Hitomi imprègne sa “club music” expérimentale et ses rythmes internationaux de mythologie japonaise.
WaqWaq Kingdom, Phantomb Limb. Photo : Disrupt.
Au sein du duo de bass music expérimentale WaqWaq Kingdom, batteries digitales, bruits de puces électroniques et autotune se heurtent au dancehall, aux percussions tribales et à la mythologie japonaise. Ses albums Essaka Hoisa (2019) et Dokkoisho (2020) donnent à entendre des mélanges inédits jusqu’alors ; des explorations des liens entre la magie et les traditions des musiques du monde, en sus de l’impulsion donnée par la musique païenne japonaise min’yo.
En injectant une détermination typiquement japonaise à la haute-vitesse saturée de la club music, le duo crée d’étonnante juxtapositions : entre le folklore des yokai et le gabba, entre les lutteurs de sumo et la musique footwork. De quoi remuer les esprits du passé.
Une sorcellerie rythmique
Les hymnes rave aux tonalités folk de WaqWaq Kingdom sont élaborés par Shigeru Ishiharu, une légende du breakcore connu sous le nom de DJ Scotch Egg et bassiste du groupe post-rock Seefeel, et par Kiki Hitomi, chanteuse du projet défricheur de bass music expérimentale King Midas Sound qui réalise aussi les clips kaléidoscopiques de WaqWaq Kingdom. Tous deux issus du Japon mais basés au Royaume-Uni et en Allemagne pour leurs carrières musicales, ont une appétence pour les musiques les plus variées qui fondent leur style signature : ce qui donne des inserts de carillons shinto au sein de percussions trap ou bien de tambours taiko au sein d’une électro-pop psychédélique.
Sous une musique électronique battante, WaqWaq Kingdom fait resplendir de manière vibrante les traditions japonaises. Leurs albums font référence à d’anciens chants censés inciter la détermination, chargeant leurs hybridations musicales d’une force qui remonte à l’époque Edo (1603-1868). Dans sa première sortie avec le label de Brighton Phantom Limb, Essaka Hoisa, de tremblantes mélodies exotiques résonnent avec en arrière-plan des cloches sacrées, semblant jeter un sort avant que des solos de batterie ne fassent irruption. Dans un autre album de WaqWaq Kingdom, Dokkoisho, d’épais sons de synthétiseurs font échos à de la musique footwork avec des paroles célébrant la force innée et des sonorités éveillant une magie inconsciente dans la vie de tous les jours.
Essaka Hoisa (2019) et Dokkoisho (2020), deux albums de WaqWaq Kingdom ont été réédités par le label Phantom Limb.
“Essaka Hoisa”, WaqWaq Kingdom. Phantom Limb.
“Dokkoisho”, WaqWaq Kingdom. Phantom Limb.
WaqWaq Kingdom. Phantom Limb. Photo: Marco Tinari.
WaqWaq Kingdom. Phantom Limb. Photo: Disrupt.
LES PLUS POPULAIRES
-
Chiharu Shiota, fils rouges de l'âme
L’année dernière, plus de 660 000 personnes ont visité la rétrospective Chiharu Shiota: The Soul Trembles au musée d’art Mori.
-
Guide de survie en société d'un anti-conformiste, épisode 1 : Les choses que je fais en secret pour éviter qu’on ne lise dans mes pensées
Dans cette série, l'auteur Satoshi Ogawa partage les stratégies originales qu’il met en place pour faire face aux tracas du quotidien.
-
Kodo Nishimura ou comment le bouddhisme accompagne la communauté LGBTQ+
D’enseignements sacrés millénaires, ce jeune moine a su tirer des notions d’inclusivité et d’expression aussi modernes que nécessaires.
-
Mokuren, des couteaux japonais pour tous
Imaginés par Elise Fouin et le coutelier Yutaka Yazaki, ces ustensiles s’adaptent au marché européen sans sacrifier à la technicité nippone.
-
Umami Paris, des ingrédients japonais haut de gamme
Cette épicerie spécialisée dans les produits artisanaux de qualité se fournit directement auprès de petits producteurs japonais.