Le “kintsugi” : magnifier grâce à l’or les objets brisés
Donner une nouvelle vie aux objets cassés en leur offrant une jointure dorée, tel est le principe japonais du kintsugi.
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Plutôt que de chercher à en effacer les cicatrices, le kintsugi prend le parti de magnifier les parties abîmées des objets brisés en les assemblant à l’aide d’une résine laquée composée de poudre d’or. En résultent des pièces asymétriques et complexes, striées de zigzags, dont le trajet doré sur la céramique est le fruit du hasard. Le caractère unique de chaque objet réparé lui confère une valeur nouvelle, parfois même supérieure à celle qu’il avait dans son état initial. Le critique d’art Blake Gopnik, qui écrivait dans le Washington Post, décrit la poésie de cette pratique comme “un petit moment de free jazz joué pendant une fugue de Bach”.
Un nouveau souffle grâce aux réseaux sociaux
La légende raconte que le kintsugi a été inventé à la fin du XVe siècle, pour satisfaire un caprice du shogun Ashikaga Yoshimasa (la plus haute distinction du pouvoir exécutif de l’époque). Celui-ci, ayant reçu de Chine un bol de thé brisé, l’aurait renvoyé à son expéditeur pour le faire réparer. À son retour, il aurait été horrifié par l’objet, grossièrement assemblé à l’aide d’agrafes en métal. Le shogun aurait alors chargé les meilleurs artisans du pays de développer une nouvelle technique, à la fois esthétique et respectueuse de l’objet originel.
Cette méthode de restauration a connu un nouveau souffle grâce aux nombreux tutoriels postés sur les réseaux sociaux, et à l’engouement d’Internet pour les techniques “Do It Yourself”. Ce succès peut également s’expliquer par la popularité de la pensée wabi-sabi, dans laquelle il s’inscrit : celle-ci, de plus en plus répandue à travers monde, implique de célébrer les imperfections des choses qui nous entourent et, ainsi, reconnaître leur beauté.
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