Une association de traditions dans le beau pays de Mie
Cette préfecture au charme ancien est reconnue pour sa nature luxuriante mais aussi pour ses entreprises d'envergure internationale.
Le sanctuaire intérieur d’Ise, principal sanctuaire où Amaterasu Ookami est révérée. L’endroit dégage une atmosphère de dignité. Ce lieu célèbre représente Mie, et ce sanctuaire, familièrement appelé « O-ise-san », a accueille de nombreux visiteurs depuis très longtemps. Jingu est le nom officiel du Grand sanctuaire d’Ise ; il désigne l’ensemble de ses 125 sanctuaires, intérieurs et extérieurs compris. Crédit photo : Prêtre en chef du Jingu.
Le département de Mie abrite de nombreux sites populaires, comme le Grand sanctuaire d’Ise – qui attire plus de dix millions de visiteurs par an –, le Kumano Kodo et le château d’Iga Ueno. Outre ces attractions touristiques, Mie offre une nourriture abondante et délicieuse, comme le bœuf de Matsusaka et les langoustes japonaises. Le département est par ailleurs connu sous le nom d’« Umashi Kuni » (le beau pays), car c’est ainsi qu’il fut nommé dans le Nihon Shoki, mais la signification de ce titre ne se limite pas à la richesse de ses eaux et de ses montagnes. Il ne s’agit pas simplement d’un « lieu de beauté et d’épanouissement » ; Mie a constitué une base importante pour le développement de la culture japonaise et, en fait, toutes sortes de traditions et d’industries locales s’y sont développées.
« Les machines en fonctionnement dans l’usine sont pour la plupart des machines à tisser datant de 1955. Ce sont de vieilles machines, c’est pourquoi nous les réparons et pouvons les utiliser pendant de nombreuses années », explique le président Nishiguchi.
Le coton de Matsusaka, qui fait sensation depuis l’époque d’Edo (1603-1868), en est un exemple. Le Matsusakajima, un motif élégant teinté à l’indigo, a connu une grande popularité et l’on dit qu’il s’en vendait annuellement plus de 500 000 tan (environ 3 030 000 mètres), alors que la population d’Edo ne comptait qu’un million d’habitants. La technologie du filage et du tissage s’est transmise à Matsusaka pendant plus de cinq siècles. À l’heure actuelle, l’entreprise Miito Orimono, fondée en 1874, est le seul fabricant de machines à tisser. Si l’on regarde autour de l’atelier, on peut voir des rangées de machines à tisser anciennes, utilisées depuis l’ère Shôwa.
« Les nouvelles machines tissent le textile de façon si nette qu’elles ne peuvent pas reproduire la texture unique du coton de Matsusaka », explique M. Yuya Nishiguchi, le sixième président de la filature. Celle-ci a hérité de la tradition du coton de Matsusaka jusque dans ses moindres détails.
L’une des caractéristiques traditionnelles du coton Matsusaka est l’utilisation de fils naturels teints à l’indigo. Miito Orimoto dispose d’une base exclusive dans laquelle ils peuvent effectuer une seconde fermentation sur la teinture appelée sukumo, ce qui leur permet de fabriquer leurs propres fils indigo.
Un bouquet de fils aux couleurs multiples, attendant leur tour dans l’atelier de Miito Orimoto. En se concentrant sur les motifs à rayures spéciales, ils se lancent un défi, profitant de leur marque unique Miito Ori pour fabriquer de nouveaux produits qui ne se limitent pas aux spécifications traditionnelles.
À Iga, le kumihimo est utilisé pour décorer les accessoires et ceintures obijime des kimonos depuis de nombreuses générations. Le « kumihimo d’Iga » a été désigné comme artisanat traditionnel du Japon en 1976. Bien que les demandes d’usage traditionnel aient diminué au fil du temps, Mme Etsuko Maezawa déclare avec optimisme : « Il est amusant d’essayer de fabriquer de nouveaux articles tout en répondant aux commandes de nos clients ». Ces dernières années, des cache-nez et des pochettes fabriqués avec les techniques kumihimo ont commencé à être commercialisés.
La tradition du tissage de fabrication artisanale, en tissant une corde à la fois. Mme Maezawa, une artisane traditionnelle, a démontrée son agilité au Centre international des médias pendant le sommet d’Ise-Shima. Elle a expliqué qu’il existait des tresses kumihimo ne pouvant être réalisées que manuellement.
Un aperçu du processus de tissage kumihimo dans l’atelier Maezawa Kumihimo. Les machines tissent le kumihimo en plaçant les fils dans du papier, qui contient un motif sous forme de données. Le papier à motifs est fabriqué à la main après de nombreux essais et erreurs.
Un « projet 100 % Mie » pour mettre en lumière les produits du département
Le département a créé d’autres merveilleux arts traditionnels et produits locaux, tels que le papier japonais, le travail du bois, les fruits de mer et les aliments transformés. Le « projet 100 % Mie » » tentera de mettre en lumière les attraits de ces produits. Une équipe spéciale d’hommes d’affaires a été réunie et ils ont abondamment échangé autour du développement de leurs produits, qui transcendent les stéréotypes de leurs régions et emplois. De nouveaux réseaux ont été tissés afin de créer des réactions chimiques, des collaborations qui feront ressortir le potentiel du matériel de chacun. Par exemple, Miito Orimoto, dont il a été question plus haut, fabrique du tissu blanc pour les robes sous sa marque unique Miito Ori. La boutique Maezawa Kumihimo a fabriqué un ruban kumihimo d’environ 8 cm de large. Lorsqu’ils ont cousu plusieurs fils translucides ensemble, ils se sont transformés en tissu, et le mini tote bag est alors devenu un produit unique en son genre.
Les hommes d’affaires chargés de représenter la riche culture alimentaire de Mie participent tous au projet 100 % Mie. Le Yamatou de Minami-ise est un produit de la mer révolutionnaire fabriqué en séchant le poisson à l’énergie solaire, en enlevant délicatement les arêtes et en l’embrochant. Deux enseignes d’antan, Shimozu Shoyu, fondée à l’époque d’Edo, et Matsujirô-ya, une boutique de miel fondée la première année de l’ère Taishô, ont également collaboré pour créer de nouveaux produits de bouche. En utilisant leurs ingrédients, un nouveau menu a commencé à être élaboré sous la supervision de Toshirô Ueki, un chef populaire.
Mie, dont le littoral s’étend sur plus de 1 000 kilomètres du nord au sud, de la baie d’Ise à Kumanonada, possède l’une des industries maritimes les plus prospères du Japon. Le département fait circuler le poisson frais et perfectionne ses techniques de transformation de produits marins depuis très longtemps, produisant aussi bien du poisson séché que du poisson fumé.
Le port de pêche de Shukutaso, dans la ville de Minami-ise. Des phoques, des poissons-ballons, des langoustes japonaises et d’autres espèces de poissons et de fruits de mer sont déchargés à quai par de beaux matins dans le bras de mer de la ria.
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