Hashima, une île sans habitants
Au large de Nagasaki, ce petit bout de terre dépeuplé a connu autant l'industrie florissante du charbon que les horreurs de la guerre.

© Jordy Meow
Aujourd’hui dépourvue d’habitants, l’île de Hashima se visite partiellement depuis 2015. Jadis exemple glorieux d’une cité minière prospère, l’île est, depuis 1974, un lieu abandonné où la nature a repris ses droits. On la surnomme par ailleurs Gunkanjima, du fait de sa ressemblance avec des navires de guerre (gunkan).
De l’industrie aux crimes de guerre
Après la découverte au début du XIXème siècle d’un gisement de charbon sur ce bout de terre insulaire de 480 mètres de long et 160 mètres de large, la compagnie Mitsubishi achète le site en 1890 et y aménage une ville pour héberger sa main-d’œuvre. Du béton solide est alors utilisé pour renforcer les tours d’immeubles, l’école, l’hôpital et les autres infrastructures contre les intempéries. À son apogée, l’île comptait pas moins de 5259 habitants, devenant pour l’époque l’un des lieux les plus densément peuplés au monde.
Lors de la Seconde Guerre mondiale, Hashima se transforme en camp de travail forcé où sont envoyés des Coréens dont le pays est alors sous occupation japonaise. Plus d’une centaine y ont trouvé la mort alors que d’autres ont subi des sévices pour avoir tenté de s’échapper.
Après la guerre, la demande du marché japonais se détourne du charbon pour lui privilégier le pétrole. La baisse d’activité entraîne alors le départ massif des habitants de l’île, jusqu’au dernier en 1974. Pendant plus de cent ans, les structures bétonnées se sont délabrées à chaque passage de typhon. Jugée dangereuse par les autorités, l’île est interdite d’accès jusqu’en 2009 après que certaines aires, notamment au sud, ont été sécurisées pour les visites.
Un décor de films à succès
Ce paradis des “urbexeurs” (des passionnés d’exploration de lieux abandonnés) est devenu depuis 2015 une attraction touristique. Popularisé par les long-métrages Inception de Christopher Nolan et Skyfall de Sam Mendes, qui avaient pour décor une Hashima reconstituée en studio, le lieu a connu un regain d’intérêt.
Cela dit, la grande majorité de l’île reste inaccessible. Seule une infime portion aménagée est ouverte aux visiteurs curieux de découvrir un pan d’histoire qui tient, tant bien que mal, encore debout. Il est cependant possible de visiter l’île virtuellement, puisque les équipes de Google Street View l’ont intégralement scannée.
Plus d’informations sur Hashima sur le site de l’office de tourisme de la ville de Nagasaki.

© Jordy Meow

© Jordy Meow

© Jordy Meow

© Jordy Meow

© Jordy Meow
LES PLUS POPULAIRES
-
« C’est un plaisir sincère que mes objets soient reconnus comme appartenant au cercle du Mingei »
Les couverts de laiton soigneusement façonnés par Ruka Kikuchi dans son atelier de Setouchi sont appréciés dans tout le Japon et ailleurs.
-
« Le Mingei reste toujours insaisissable, cent ans après sa naissance »
Sō Sakamoto est un potier d’Onta-yaki, une forme de céramique datant du XVIIIe siècle mise en avant par Sōetsu Yanagi, fondateur du Mingei.
-
« On dit souvent qu’il faut apprendre de ses échecs… mais est-ce vraiment si simple ? »
Dans “Guide de survie en société d'un anti-conformiste”, l'auteur Satoshi Ogawa partage ses stratégies pour affronter le quotidien.
-
Du Japon vers le monde, des photographes appelés à s’imposer à l’international
Le T3 PHOTO FESTIVAL 2025 expose cinq photographes japonais émergents et confirmés, afin de soutenir leur rayonnement à l’étranger.
-
“Le Japon interdit”, l'oeil d’Irina Ionesco
Dans cet ouvrage, la photographe va au plus près des corps, révélant ceux, tatoués, de “yakuza” ou celui, érotisé, d'une artiste underground.



