Nokogiri, la colline aux mille bouddhas de la péninsule de Chiba
Situé à l’est de Tokyo, ce mont sacré héberge plus de 1500 statues à l’effigie du Bouddha, rattachées au temple Nihon-ji.
© Victoire Dufay
Haut de 329 mètres, au bord de la mer, le mont Nokogiri tient son nom de sa forme de scie. À son sommet, un rocher suspendu vertigineux offre une vue époustouflante sur la péninsule de Boso et la baie de Tokyo.
Le long du chemin, plus de 1500 statues de pierre à l’effigie du Bouddha et de ses disciples, vieilles de trois siècles, escortent les visiteurs jusqu’au temple Nihon-ji. Pour y accéder, une petite station de train dans un village de pêcheurs aux allures tropicales, Hama-Kanaya, puis une randonnée de deux heures environ ou un trajet en téléphérique.
Randonnée mystique et historique
Construit en 725 par le prêtre Gyoki, le temple Nihon-ji est bâti sur ordre de l’empereur Shomu. Au fil des siècle, il passe entre les mains de divers groupes religieux avant de subir d’importantes dégradations lors du mouvement antibouddhiste Haibutsu Kishaku, entre 1868 et 1874. En vertu de leurs principes abolitionnistes, rejetant l’influence de la religion et des prêtres, ses membres ont mené des raids afin de détruire et décapiter les effigies du Bouddha. Encore aujourd’hui, ce temple offre un témoignage poignant de cette révolution sociale et religieuse, car de nombreuses statues endommagées sont toujours visibles.
À la suite de cet épisode, un plan de reconstruction débute en 1916, mais un tremblement de terre abîme à nouveau les lieux en 1939. Durant la Seconde Guerre mondiale, la colline est réquisitionnée comme fort militaire, retardant encore sa restauration. Depuis, le temple a été classé « Bien culturel important » par le gouvernement japonais, assurant une protection et un entretien régulier des lieux.
Une merveille pour les amateurs de sculpture
La colline, véritable musée religieux à ciel ouvert, est un lieu de choix pour les amateurs de sculpture bouddhiste de toutes époques. Outre la multitude de petites sculptures endommagées, dites Rakan (disciples de bouddha), datant de 1744 environ, on peut y admirer une déesse Kannon debout, haute de 30 mètres et taillée à même la roche, Hyakashu Kannon, datant de 1966.
Mais la star incontestée de cet ensemble est la statue du bouddha assis Ishidaibutsu, construite en 1783 par le sculpteur Jingoro Eirei Ono et ses artisans. Son nom signifie « le grand bouddha de pierre », car il a été construit avec du granit extrait de la colline. Avec ses 31,05 mètres, il s’agit de la plus grande statue en pierre représentant le Bouddha assis au Japon. On reconnaît son attitude de dieu guérisseur dit Yakushiji Nyorai grâce au bol médicinal qu’il tient dans sa main.
Depuis l’ère Edo, le mont Nokogiri tient lieu de carrière de granit. Ses pierres ont servi à la construction de nombreux bâtiments de Tokyo, comme l’université Waseda. On peut voir le long de ses flancs, et à son sommet, de vertigineuses coupes de roches, créant les paysages quelque peu surnaturels qui lui donnèrent son nom : la montagne en dents de scie.
Plus d’informations sur le Nihon-ji sur le site internet du temple (en japonais).
© Victoire Dufay
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