Le meilleur du mobilier français années 1950 dans une “kominka” à Kamakura

La Galerie One expose des pièces de Jean Prouvé ou Charlotte Perriand dans un lieu où dialoguent esthétiques française et japonaise.

09.01.2024

TexteRebecca Zissmann

Une table “Shogun” de Roger Capron © YUTHANAN

L’influence du Japon se ressent dans l’œuvre de Charlotte Perriand qui y a longuement voyagé. Pourtant son mobilier, ainsi que celui d’autres grandes figures du design français des années 1950 comme Jean Prouvé ou Pierre Jeanneret, n’est connu que d’une poignée d’amateurs dans l’archipel.

Afin de mieux faire connaître ce patrimoine et de montrer qu’il peut trouver un écho particulier dans les intérieurs japonais, Thierry Lamoine et son fils Lucca Lamoine ont ouvert la Galerie One à Kamakura en 2023. Dans cette kominka des années 1930, les fauteuils Chandigarh de Pierre Jeanneret ou la sublime table “Shogun” du céramiste Roger Capron habillent naturellement les pièces au sol en tatami et complimentent les parois de shoji.

 

Des designers longtemps incompris

Thierry Lamoine n’en est pas à son coup d’essai en matière de curation. Depuis ses débuts dans la mode à Paris et le choc esthétique provoqué par les designers Rei Kawakubo et Yohji Yamamoto, il se passionne pour la création japonaise. Après de longues années à faire des aller-retours à Tokyo pour l’agence de publicité Hakuhodo, il décide de se consacrer à la distribution de marques japonaises en France et en Europe. Une activité qui aboutira à l’ouverture du concept store parisien Bows and Arrows en 2016, à la sélection pointue d’objets innovants du design japonais.

A la ville, Thierry Lamoine cultive un goût immodéré pour l’art et le design. S’il possède désormais des œuvres d’artistes japonais des années 1990, il confie qu’à ses débuts, le mobilier lui était plus accessible. C’est en fréquentant assidûment les marchés aux puces et les galeries de Philippe Jousse, Patrick Seguin et François Laffanour qu’il aiguise son œil et affine ses préférences.

« A l’époque, ils avaient du mal à vendre leur mobilier de Jean Prouvé car personne ne semblait comprendre à quel point ça pouvait être intéressant d’avoir dans un intérieur une table avec des pieds en métal et sa peinture complètement écorchée », se souvient le galeriste. Son intérieur se meuble pourtant de pièces des années 1950 qui suscitent l’admiration de ses amis japonais de passage. Certains commencent à lui demander de leur dénicher des pièces et dans les années 2010, cela devient une activité à part entière.

Aujourd’hui, le mobilier français des années 1950 connait un engouement inédit et les pièces ont grandement pris en valeur. Selon Thierry Lamoine, on doit cela aux trois galeristes auprès desquels il a beaucoup appris. Ces derniers ont eu le génie d’associer leur mobilier à l’art contemporain, notamment en prêtant certaines pièces signées Jean Prouvé pour équiper la FIAC, éveillant l’intérêt des collectionneurs.

 

Un mobilier chaleureux, en phase avec les attentes des Japonais

Au Japon, la tendance est portée par le milieu de la mode et nombreuses sont les boutiques de créateurs à intégrer à leur scénographie des pièces de Pierre Jeanneret ou Charlotte Perriand.

« Les Japonais aiment de façon intrinsèque le mobilier de Charlotte Perriand car c’est un mobilier qui est chaleureux », explique Thierry Lamoine. « Il est souvent en bois, avec de jolies couleurs, et correspond à l’idée qu’ils se font d’un beau mobilier. Autrement, ce qui leur plait avec Charlotte Perriand ce sont les relations qu’elle a eues avec la montagne. Le Japon est un pays de forêts et de montagnes. Donc les Japonais se sentent proches de l’univers dans lequel elle évolue ».

En 2022, une exposition consacrée à Jean Prouvé au Museum of Contemporary Art de Tokyo a connu un succès sans précédent. L’année suivante, le concept-store de design The Conran Shop a ouvert son plus gros magasin au Japon au sein du complexe Azabudai Hills, en plein cœur de la capitale. L’équipe a décidé de confier l’aménagement de son salon VIP à Lucca et Thierry Lamoine. La Galerie One a donc désormais un pied à terre à Tokyo qui promet de rendre le mobilier français des années 1950 d’autant plus accessible au plus grand nombre.

 

Plus d’informations sur la Galerie One sur le site internet de l’établissement.

© YUTHANAN

© YUTHANAN

© YUTHANAN

© YUTHANAN

© YUTHANAN