Adolfo Farsari, l’italien entrepreneur de la photo couleur au Japon
Soldat, artiste, homme d’affaires, aventurier. Au Japon, c’est grâce à la photographie qu’Adolfo Farsari a laissé son empreinte.
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Quand on évoque la photographie et le Japon, celle qui a marqué l’Histoire et la culture du pays, ce n’est pas le nom d’Adolfo Farsari qui vient immédiatement à l’esprit. Pourtant, son histoire est fascinante, et à la fin du XIXème siècle, il fut un véritable phénomène dans l’archipel.
Le parcours d’Adolfo Farsari n’est pas commun, et peu connu. L’ouvrage publié en 2004 par Sebastian Dobson, Anne Nishimura Morse et Frederic Sharf, intitulé Art And Artifice: Japanese Photographs Of The Meiji Era, permet de lever une partie du mystère entourant cette épopée. Né en 1841 à Vicence, il commence sa carrière dans l’armée italienne à 18 ans. Quatre ans après, il émigre aux États-Unis — un pays en pleine Guerre de Sécession. Abolitionniste, il rejoint l’armée de l’Union comme soldat de cavalerie volontaire de l’État de New York et ce, jusqu’à la fin de la guerre. Marié à une Américaine et père de deux enfants, il quitte le pays pour le Japon en 1873, où débute une nouvelle aventure.
Le renouveau japonais
Quand Adolfo Farsari arrive au Japon, le pays est en plein bouleversement. En novembre 1867, des émeutes et la pression de grands seigneurs poussent Tokugawa Yoshinobu à remettre le pouvoir au jeune empereur Mutsuhito. C’est le début de l’ère Meiji. Cette période, qui met fin à plus de deux siècles de règne de la famille Tokugawa, voit le Japon entrer dans une nouvelle ère. Il devient une puissance industrielle et militaire, comme l’illustre la création de la première ligne de chemin de fer en 1872.
À Yokohama, Adolfo Farsari s’associe avec E. A. Sargent pour créer le distributeur et éditeur Farsari & Co. Il poursuit l’aventure en solitaire et connaît un important succès à partir de 1880, en publiant le Keeling’s Guide to Japan, notamment destiné aux touristes.
Artiste et entrepreneur
Adolfo Farsari en vient à s’intéresser à la photographie et maîtrise désormais la technique. En 1885, il commence une série de création et d’acquisition de studios. En 1886, alors qu’il est l’unique photographe étranger en activité au Japon et que son entreprise est prospère, un incendie détruit son stock. Le studio restera fermé pendant un an, afin de permettre à Adolfo Farsari de sillonner le pays et de reconstituer sa base de négatifs.
Si le succès des photographies d’Adolfo Farsari est important, c’est en raison de la qualité de ses tirages sur papier albuminé qui étaient colorés à la main par des artistes associés au studio, avant d’être collés sur les feuilles de l’album — une technique appelée le Yokohama shashin. Ces photographies représentent des scènes typiques de la culture japonaise, de ses coutumes. Ainsi, dans son studio sont reproduits des hara-kiri, des scènes de la vie quotidienne des Japonais, des photographies de paysages ou d’artisans à l’œuvre. Ces photographies, considérées comme des produits de luxe, étaient notamment très appréciées des touristes dans une période où le pays s’ouvrait à l’Occident. Elles ont été diffusées dans nombre de journaux et magazines au Japon et à travers le monde.
Art And Artifice: Japanese Photographs Of The Meiji Era (2004), un ouvrage de Sebastian Dobson, Anne Nishimura Morse et Frederic Sharf édité par le Museum of Fine Arts de Boston.
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