“EAT THE KIMONO”, une performance contre le patriarcat
Un documentaire réalisé en 1989 rend hommage à la célèbre danseuse Genshu Hanayagi aux performances traditionnelles mâtinées de féminisme.
“Eat the Kimono”, avec l'aimable autorisation de WMM.
Ses pas sont précis, elle tourbillonne lentement ; intrépide, Genshu Hanayagi se dévoile sur scène au fil de sa performance. Mis en lumière par Claire Hunt et Kim Longinotto dans le documentaire EAT THE KIMONO, l’élégance et l’équilibre de Genshu Hanayagi résultent de l’engagement d’une vie dans le Nihon-buyo, une forme de danse classique influencée par les anciennes coutumes, le nô et le kabuki.
Mais, au-delà des changements de costumes effrénés dans les coulisses, des échanges avec le public, des apparitions à la télévision et de sa vie personnelle, l’artiste est avant tout une activiste au franc-parler et une féministe polémiste. Elle s’adresse ainsi directement à la caméra : « Vous ne devez pas être mangé par le kimono. Vous devez manger le kimono, l’avaler. »
Bousculer le système
Actrice, écrivaine, militante et danseuse, Genshu Hanayagi a entamé sa carrière en rejoignant une troupe de théâtre itinérante. Après avoir fait plusieurs apparitions dans le cinéma érotique des pinku eiga, elle intègre la célèbre école Hanayagi de Nihon-buyo, un chemin vers la célébrité ; c’est à partir de ce moment qu’elle enfile le costume de féministe radicale. Elle milite ainsi férocement contre le système Iemoto en vigueur dans les arts traditionnels au Japon, une structure hiérarchique et familiale régie par une figure patriarcale. Après avoir publié plusieurs textes engagés sur ce sujet, elle est menacée de mort par des groupes d’extrême droite, tandis que sa position radicale la conduit à plusieurs reprises à être arrêtée par la police.
Les médias ont rapidement fait de l’artiste une personnalité contestataire, ses performances — imprégnées de la beauté exquise des arts japonais —, entrant ainsi dans le champ socio-politique. L’artiste a joué des scènes empreintes de mélancolie abordant les difficultés rencontrées par les mères célibataires, exécuté des chorégraphies dédiées à la nature déséquilibrée des relations amoureuses au Japon, ou encore partagé la scène avec des artistes queer et ce, en intégrant une part d’humour.
Danser pour défier
Genshu Hanayagi embrasse la tradition tout en la défiant constamment. Cette figure se dévoile dans sa complexité à travers les observations de Claire Hunt et Kim Longinotto, deux cinéastes, spécialistes de la représentation des problèmes de sexualité au Japon — la seconde étant impliquée dans la production de Shinjuku Boys, un documentaire relatant des histoires d’hôtes d’un club transgenre de Tokyo. Comme dans EAT THE KIMONO, la réalisation se veut discrète, laissant une grande liberté aux protagonistes, représentés dans toute leur complexité.
La scène est le terrain d’expression de Genshu Hanayagi, et dresser un portrait fidèle de l’artiste à travers un film n’est pas chose aisée. Il faut être en mesure de retranscrire sa personnalité, son charisme tout en contrôle et ce, sans négliger les cadres contextuels dans lesquels elle évolue. Mais lorsqu’on croise sa route, les raisons de son engagement s’éclaircissent, tout comme son choix d’utiliser la performance pour délivrer ses messages.
EAT THE KIMONO (1989) un documentaire réalisé par Claire Hunt et Kim Longinotto est disponible sur la plateforme Women Make Movies.
“Eat the Kimono”, avec l'aimable autorisation de WMM.
“Eat the Kimono”, avec l'aimable autorisation de WMM.
“Eat the Kimono”, avec l'aimable autorisation de WMM.
“Eat the Kimono”, avec l'aimable autorisation de WMM.
“Eat the Kimono”, avec l'aimable autorisation de WMM.
“Eat the Kimono”, avec l'aimable autorisation de WMM.
“Eat the Kimono”, avec l'aimable autorisation de WMM.
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