Hideya Ishima, quand la photographie capture les mutations de la jeunesse japonaise
L'artiste se confie dans une interview sur sa pratique photographique par laquelle il souhaite déconstruire les stéréotypes de genre.

©Hideya Ishima
Né·e en 1998 à Tokyo, Hideya Ishima découvre la photographie en 2018, lorsque des amis de ses parents lui offrent son premier appareil, un Nikon F3. Depuis, chacun de ses mouvements, voyages et randonnées sont accompagnés de cet outil, qui ne le quitte plus. Immédiatement pris de passion par la photographie, il décide de se consacrer entièrement à cet art.
« La photographie me libère de mes maux et me permet de m’exprimer pleinement. Cela peut paraître cliché, mais je me sens beaucoup plus fort et puissant armé de mon appareil. Grâce à lui, depuis deux ans, je développe mon propre langage artistique, qui ne cesse de s’affirmer et d’évoluer au gré du temps et de mes rencontres. J’ai eu la chance de photographier divers visages et personnalités. Et pouvoir rencontrer toutes ces personnes différentes m’a permis de mêler ma vision à la leur et à celle de notre société », explique Ishima.

©Hideya Ishima
Si la liberté d’expression semble être l’un des moteurs principaux pour l’artiste, c’est parce qu’Ishima s’auto-proclame non-binaire. Un statut souvent difficile à assumer au sein d’une société où règnent les préjugés.
« La question du genre et le rapport au sexe sont mes principales sources d’inspiration. Depuis mon plus jeune âge, je me sens différent des autres. J’ai par exemple toujours été plus attiré (sexuellement parlant) par la nature que par mes camarades », confie le photographe. « L’éducation japonaise nous apprend à bien différencier le genre féminin et masculin. J’en ai personnellement souffert, car je me sens bloqué dans un corps d’homme, dans lequel je ne me reconnais pas. Je n’ai pas envie d’être stigmatisé et catégorisé dans une case spécifique. Je suis Hideya Ishima, un point c’est tout. Ni femme, ni homme, juste un artiste qui tend à déconstruire les stéréotypes du genre car c’est l’un des problèmes qui me touchent le plus et qui, je pense, est propre à ma génération et à mon pays. »
C’est donc avec cette furieuse envie de faire bouger les choses et son amour voué à la photographie qu’Ishima se construit lui-même, ainsi que son style artistique. Lorsque l’on demande à Ishima de nous définir son travail, il nous répond que le mot Shuhari est ce qui le définit le mieux. Un concept, que l’on pourrait traduire par la « déconstruction des normes », qu’il découvre lors de sa pratique des arts martiaux. « Lors de leur apprentissage, il est nécessaire de les détruire pour pouvoir s’en extraire afin de s’éloigner de l’exemple commun », explique-t-il.

©Hideya Ishima
Pour cela, il photographie principalement les mêmes personnes. Des gens de sa génération ou de son entourage, souvent engagés dans une cause, qui l’intriguent et l’attirent par leur « charme intérieur». « Aujourd’hui, l’âge n’est plus un critère pour avoir une certaine reconnaissance artistique. J’observe de plus en plus d’artistes-adolescents talentueux à Tokyo et c’est peut-être l’une des raisons inconscientes pour lesquelles je photographie principalement des jeunes personnes, pour les valoriser à ma façon », détaille l’artiste.
Des photographies caractérisées par l’utilisation presque omniprésente du flash. « J’aime beaucoup cette idée d’entrevoir l’obscurité. J’ai toujours été attiré par ce que la lumière momentanée nous montre, et mes photos se basent beaucoup sur ce concept » conclut Ishima.
La travail de Hideya Ishima est à découvrir sur son compte Instagram.

©Hideya Ishima
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