Illuminance, ou la poésie des petites choses de Rinko Kawauchi
Sa sensibilité et sa capacité à l’exprimer ont fait de l’artiste japonaise une signature reconnue dans un genre photographique onirique.

“Illuminance” (Aperture, 2011) © Rinko Kawauchi
Les détails de ses compositions, son regard sur le quotidien, sur ces instants clés, fortuits, font la signature de son œuvre. En 2011, la photographe japonaise Rinko Kawauchi publiait Illuminance, 142 images en couleur pour un haiku — un court poème composé de trois vers et de dix-sept syllabes —, photographique.
Née en 1972 à Shiga, l’artiste est diplômée de la Seian University of Art and Design. Elle est désormais installée à Tokyo. En 2001, son œuvre est mise sur le devant de la scène lorsqu’elle reçoit le Kimura-Ihei-Prize, dédié aux talents émergents de la photographie japonaise. Lauréate en 2002 du prix Rookie of the Year de la Société photographique du Japon, Kawauchi reçoit en 2009 le prix Infinity, remis chaque année par l’International Center of Photography de New York. En 2004, Martin Parr l’invitait aux Rencontres d’Arles. Depuis, son œuvre a rejoint les collections du Toyota Municipal Museum of Art, de la Fondation Cartier pour l’art contemporain à Paris ou du Tokyo Metropolitan Museum of Photography.
Des images qui ne deviennent jamais des documents
Illuminance propose une rétrospective du début de la carrière de Rinko Kawauchi, quinze années à capturer les détails du quotidien, que l’œil commun néglige. Jouant avec les merveilleux détails de la nature, mis en avant à travers de subtiles jeux de lumière, l’artiste offre au regard une rose qui fait face à un flash, une pyramide qui projette un panache dans l’atmosphère, un parapluie qui joue de sa majesté au dessus de son porteur… Ce voyage poétique a permis à l’artiste d’été nominée pour le prestigieux Deutsche Börse Photography Prize.
Comme le souligne David Chandler dans le texte lié à l’ouvrage, « ces images semblent nous pousser en avant, parfois avec une sensation de grande vitesse ; le montage fragment par fragment, courant chez Rinko Kawauchi, évoque un flux de conscience dans lequel les images n’acquièrent jamais le statut ni la fonction de documents. Les angles obliques et les changements permanents de perspective perpétuent l’état d’instabilité – d’impétuosité. Illuminance est également une longue méditation sur les qualités miraculeuses de la lumière et sur son pouvoir de révélation. »
Dans une interview accordée à FK Magazine, l’artiste résume la clé de la sincérité de son œuvre : « Je ne sais pas très bien parler et décrire, je suppose que c’est pour cela que je suis devenue photographe. »
Illuminance (2011), une rétrospective de l’oeuvre de Rinko Kawauchi publiée par Aperture.

“Illuminance” (Aperture, 2011) © Rinko Kawauchi

“Illuminance” (Aperture, 2011) © Rinko Kawauchi

“Illuminance” (Aperture, 2011) © Rinko Kawauchi
LES PLUS POPULAIRES
-
Chiharu Shiota, fils rouges de l'âme
L’année dernière, plus de 660 000 personnes ont visité la rétrospective Chiharu Shiota: The Soul Trembles au musée d’art Mori.
-
Cuisiner les nuages, la proposition aérienne de Ryoko Sekiguchi
Dans “Le nuage, dix façons de le préparer”, l'écrivaine réhabilite un terme ancien désignant divers ingrédients et le décline en recettes.
-
“Buto”, la danse des ténèbres révolutionnaire
Né dans un contexte d’après-guerre rythmé par des mouvements contestataires, cet art subversif rejette les codes artistiques traditionnels.
-
“Dévorer les ténèbres”, contre-enquête sur une disparition
Après qu'une jeune anglaise soit portée disparue à Tokyo, Richard Lloyd Parry met en doute la version officielle et mène sa propre enquête.
-
Un témoignage de l’irrationalité de l’humanité
C’est la vision d’un monde où organique et inorganique ont fusionné qui amène l'artiste Tetsumi Kudo à penser une “nouvelle écologie”.