L’ “Anatomy Fiction” de Yuki Okumura
En s’appuyant sur l’art de la narration dit du “rakugo”, l’artiste propose un examen du corps et de la perception ô combien pertinent.
Yuki Okumura, “Anatomy Fiction – Zenbei’s Eyeballs (Photograph#1)”, 2010, Lambda print 36x53cm. Courtesy of: MISAKO & ROSEN, Tokyo
La série Anatomy Fiction de l’artiste Yuki Okumura se penche sur le corps et son rôle dans la représentation et la perception. Entamé en 2008 sous la forme d’ateliers pour enfants, ce travail s’est concrétisé en 2010 avec une exposition à la galerie Misako and Rosen de Tokyo, intitulée Yuki Okumura Anatomy Fiction – rakugo version.
« J’ai décidé de m’intéresser à un vieux conte japonais qui est gravé dans ma mémoire depuis que je l’ai vu sous forme de dessin animé quand j’étais tout petit… Dans ce vieux conte, les outils de perception physique partent du ciel pour aller jusqu’au plus profond du corps du sujet, dont la structure anatomique est totalement surréaliste », explique l’artiste.
Né à Aomori en 1978, Yuki Okumura s’exprime à travers la vidéo, la performance, le son, l’écriture, la traduction et l’installation. La pratique de l’artiste trouve généralement sa source « dans les œuvres et la vie d’autres créateurs, pour prendre forme à travers des œuvres conceptuelles, mais profondément personnelles et ce, dans une large gamme de médiums », précise le texte d’introduction présenté sur son site.
Histoires corporelles
Le titre de l’exposition, “rakugo version”, renvoie à l’art japonais du rakugo, ou du storytelling, et voit l’interprète rakugo, Riko Shofukutei, mettre en scène le conte choisi par Yuki Okumura. « Dans le rakugo ce genre d’histoires basées sur des structures anatomiques improbables est courant, à la manière de Dog’s Eyes, Mt. Head, et Lantern Head », précise l’artiste. « Dans le rakugo, le public n’a face à lui qu’un corps installé sur un coussin zabuton. » Si ce format permet d’exprimer ce qui ne pourrait être décrit que par des mots (histoires), c’est grâce à la capacité du rakugo de représenter n’importe quel type de structures corporelles d’une manière si vivante que nous arrivons à les considérer comme “possibles” en nous référant à nos propres sensations. »
L’objectif de cette performance était pour Yuki Okumura d’associer un conte traditionnel et l’art du rakugo afin d’explorer la notion de structure corporelle immobile et ce, avec une note d’humour.
Anatomy Fiction (2008 – en cours) est un projet mené par Yuki Okumura. La liste complète de ses itérations est à retrouver sur le site internet de l’artiste.
Still from “Anatomy Fiction - Zenbei's Eyeballs”, HD video, 2010, 17:12
Yuki Okumura, “Anatomy Fiction – Rakugo Version” Installation view, MISAKO & ROSEN, Tokyo, August 22 – September 19, 2010. Photo by: KEI OKANAO. Courtesy of: MISAKO & ROSEN, Tokyo
Yuki Okumura, “Anatomy Fiction – Rakugo Version” Installation view, MISAKO & ROSEN, Tokyo, August 22 – September 19, 2010. Photo by: KEI OKANAO. Courtesy of: MISAKO & ROSEN, Tokyo
LES PLUS POPULAIRES
-
“Contes de pluie et de lune”, récits fantomatiques nippons
Ueda Akinari signe, avec ce recueil, une oeuvre considérée comme une des plus importantes de la fiction japonaise du XVIIIème siècle.
-
Stomu Yamashta, le plus grand percussionniste du monde
Le disque culte “Sunrise from West Sea” (1971) relate son incursion dans l'univers du free-jazz et du rock psychédélique japonais.
-
“Le sauvage et l’artifice”, schizophrénie japonaise
Dans son ouvrage, le géographe et orientaliste Augustin Berque souligne le rapport ambivalent qu’entretiennent les Japonais avec la nature.
-
“Buto”, la danse des ténèbres révolutionnaire
Né dans un contexte d’après-guerre rythmé par des mouvements contestataires, cet art subversif rejette les codes artistiques traditionnels.
-
Le musée Guimet explore les splendeurs du Japon impérial
Lors d'une exposition parisienne en 2018, de grandes figures du renouveau artistique japonais du XIXème siècle ont été rassemblées.