Le tatouage, du studio à la rue, par Martha Cooper

Dans le livre “Tokyo Tattoo 1970”, la grande photographe américaine nous invite à pénétrer dans l’univers du grand maître tatoueur Horibun I.

13.05.2021

TexteHenri Robert

© Martha Cooper

Avant qu’elle ne devienne une icône de la photographie en s’intéressant aux cultures urbaines américaines, en 1970 un séjour au Japon avait permis à Martha Cooper d’immortaliser le travail de maîtres tatoueurs dans un livre intitulé Tokyo Tattoo 1970, republié en 2012.

Née en 1943 à Baltimore, la photojournaliste américaine est devenue la première femme photographe au New York Post en 1977. Son travail autour du graffiti à New York est notamment illustré dans l’ouvrage Subway Art (1984), réalisé en collaboration avec le photographe Henry Chalfant.

 

Une prohibition toujours d’actualité

Une rencontre a tout changé. En 1970, c’est lors d’un festival shinto que la photographe repère un jeune homme dans la foule, dont le dos arbore un grand tatouage. Fascinée par cette vision, elle contacte le maître tatoueur Bunzo Yamada, dit Horibun I, et commence son enquête.

La relation de l’archipel au tatouage est tourmentée. Cette pratique née il y a 2000 ans a été interdite en 1872, puis légalisée en 1948. Elle reste associée aux yakuza, et plus largement un symbole du crime, de la violence et de l’underground japonais. Exhiber ses tatouages est encore aujourd’hui prohibé dans nombre de lieux publics où l’on se dénude, tels les piscines ou les bains publics, mais également certaines plages et salles de sport.

Dans une ville en pleine mutation à l’heure du “miracle économique”, Martha Cooper observe les deux côtés de la pratique du tatouage. Dans le studio du maître, qui est à l’œuvre, puis dans les rues, en pleine exhibition de ce qui fait désormais la fierté des porteurs de tatouages : les réactions de défiance ou d’admiration du public.

Horibun I travaillait avec des méthodes traditionnelles, manuellement, avec des aiguilles reliées à des bâtons qu’il trempait dans des encres colorées, ses œuvres représentant des motifs dérivés des légendes traditionnelles japonaises.

Tokyo Tattoo 1970 associe les caractéristiques d’un livre d’art, d’un portrait, et d’un documentaire. L’ouvrage comprend deux textes de Martha Cooper dans lesquels elle décrypte le processus de son enquête, et décrit le cadre de son travail.

 

Tokyo Tattoo 1970 (1970), un livre de photographies par Martha Cooper réédité en 2012 par DokumentPress.

© Martha Cooper

© Martha Cooper

© Martha Cooper

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