Les “Fashion Victims” de Kyoichi Tsuzuki
Dans la série “Happy Victims”, le photographe capture les paradoxes de la société de consommation et l’obsession pour les créateurs de mode.
Happy Victims : “Cosmic Wonder”, 2004 Colour photograph Lambda print on aluminium 120 x 150 cm Collection Mudam Luxembourg - Musée d’Art Moderne Grand-Duc Jean Acquisition 2003 © Kyoichi Tsuzuki
En se concentrant sur ce qui est souvent considéré comme anecdotique, Kyoichi Tsuzuki capture et pense la réalité des conditions de vie actuelles des Japonais. Né à Tokyo en 1956, Kyoichi Tsuzuki est à la fois un journaliste de premier plan et un photographe reconnu institutionnellement.
Sous forme d’enquête teintée d’humour, la série Happy Victims (1999-2004) voit Kyoichi Tsuzuki réaliser des portraits d’individus dans leurs chambres, entourés de montagnes de vêtements et d’accessoires. Chacune des trente fashion victims photographiées par Kyoichi Tsuzuki a sa propre obsession. Les photographies, dont les titres témoignent des créateurs favoris des sujets — d’Anna Sui à Vivienne Westwood —, présentent des espaces exigus inondés par les logos de grandes marques, et témoignent du paradoxe de la société de consommation.
Se glisser dans l’intimité des Japonais
Dans le livre photo réunissant 85 images, chaque personnalité capturée explique ce qui motive sa consommation compulsive. « Dans les magazines de mode, les beaux mannequins vivent de belles vies et portent de beaux vêtements dans de belles maisons », explique l’éditeur Seigensha Art Press, « mais comme Kyoichi Tsuzuki l’illustre de manière détaillée, ceux qui achètent les vêtements et accessoires proposés par les créateurs de mode ne sont pas particulièrement séduisants et n’occupent pas de beaux logements. »
La série met l’accent sur le propos plus largement développé par Kyoichi Tsuzuki dans son œuvre, soit les espaces intimes des Japonais, et la remise en question du cliché d’une esthétique minimaliste. Ainsi, Happy Victims fait écho à une précédente série, A Certain Style, dans laquelle le photographe a capturé les appartements et les chambres de 100 Tokyoïtes, donnant un aperçu du désordre et de l’harmonie qui se cachent derrière les portes closes.
Happy Victims (2008), un livre photo de Kyoichi Tsuzuki publié par Seigensha Art Press.
Kyoichi Tsuzuki “Happy Victims : Paul & Joe”, 2001/2002 Colour photograph Lambda print on aluminium 80 x 102 cm Collection Mudam Luxembourg - Musée d’Art Moderne Grand-Duc Jean © Kyoichi Tsuzuki
LES PLUS POPULAIRES
-
COMME des GARÇONS, la mode déconstruite de Rei Kawakubo
Erigée en opposition aux normes esthétiques occidentales la marque bouscule les notions de beauté, de genre et de corps.
-
Les “sento” et saunas les plus en vogues à Tokyo
La culture des bains est toujours vivace à la capitale où bains publics et saunas pensés par des architectes de renom ne cessent d'ouvrir.
-
“Dans les eaux profondes”, un essai qui mêle intime et politique
Akira Mizubayashi décrypte dans son ouvrage le rituel du bain japonais, ciment d'une société dont il critique les nombreux travers.
-
À l’époque Edo, les criminels étaient tatoués
Les tatouages traditionnels avaient une signification très forte, les meurtriers étaient tatoués sur le visage, les voleurs sur le bras.
-
“Pachinko” - le flipper japonais
Les flippers japonais, très lucratifs malgré l'interdiction des jeux d'argent dans le pays, cachent une réalité sociale peu reluisante.