“Moriyama – Tomatsu : Tokyo”, deux visions d’une ville
L’ouvrage imaginé par le duo compile les clichés tokyoïtes de ces artistes emblématiques de la photographie d’après-guerre.
© Shomei Tomatsu
Daido Moriyama. Shomei Tomatsu. Deux grands noms de la photographie nippone d’après-guerre. Deux passionnés de Tokyo et ses habitants. Deux visions de la ville. Moriyama – Tomatsu : Tokyo c’est l’histoire sur papier glacé d’un duo.
Shomei Tomatsu tout d’abord, né en 1930, arrivé à Tokyo en 1954. Il s’intéresse alors au prolétariat d’un pays meurtri par la guerre, avant de tourner son objectif vers les soldats américains présents sur le sol japonais, et leur impact sur le mode de vie et la culture de l’archipel. Un photographe qui travaille en noir et blanc, avant de passer à la couleur à partir des années 1960.
Daido Moriyama ensuite, de huit ans son cadet, qui affectionne l’argentique, expérimente la sérigraphie et le Polaroïd. Lanceur du mouvement Are Bure Boke, et grand nom de la revue Provoke.
Moriyama – Tomatsu : Tokyo c’est aussi un amour partagé pour la ville et ses marges. Ses habitants policés le jour, bientôt remplacés par leur version moins sage une fois la nuit tombée et les néons allumés. Une vision commune également : le duo revendique, chacun à son échelle, le rejet d’un traitement neutre du sujet photographique.
Deux traitements de l’américanisation du Japon
Au fil des pages se dessinent leurs passions communes, notamment pour le quartier de Shinjuku que chacun des deux artistes a photographié, mais aussi leur point d’achoppement. Si Daido Moriyama, sous l’influence tant de Jack Kerouac et de la Beat Generation que d’Andy Warhol, est parfois fasciné par l’American Way of Life et le kitsch étasunien qui débarque au Japon, Shomei Tomatsu se montre plus critique à l’égard de l’irruption de la culture américaine et fait montre de réserve sur l’évolution des moeurs japonaise qui en découle.
Mais Moriyama – Tomatsu : Tokyo est surtout un livre (tiré d’une exposition à la Maison européenne de la photographie à Paris), pensé de concert par les deux hommes avant le décès de Shomei Tomatsu en 2012 et qui a pu éclore grâce à la mobilisation de Daido Moriyama et Yasuko Tomatsu, la veuve de l’artiste. Un livre constitué de deux ouvrages, chacun dédié à un artiste mais qui s’envisagent ensemble comme les deux faces d’une même pièce.
Moriyama – Tomatsu : Tokyo (2020), un livre de photographies par Daido Moriyama et Shomei Tomatsu, publié conjointement par Akio Nagasawa / MEP.
© Daido Moriyama
© Daido Moriyama
© Daido Moriyama
© Daido Moriyama
© Daido Moriyama
© Daido Moriyama
© Daido Moriyama
© Shomei Tomatsu
© Shomei Tomatsu
© Shomei Tomatsu
© Shomei Tomatsu
© Shomei Tomatsu
LES PLUS POPULAIRES
-
Guide de survie en société d'un anti-conformiste, épisode 1 : Les choses que je fais en secret pour éviter qu’on ne lise dans mes pensées
Dans cette série, l'auteur Satoshi Ogawa partage les stratégies originales qu’il met en place pour faire face aux tracas du quotidien.
-
Chiharu Shiota, fils rouges de l'âme
L’année dernière, plus de 660 000 personnes ont visité la rétrospective Chiharu Shiota: The Soul Trembles au musée d’art Mori.
-
Mokuren, des couteaux japonais pour tous
Imaginés par Elise Fouin et le coutelier Yutaka Yazaki, ces ustensiles s’adaptent au marché européen sans sacrifier à la technicité nippone.
-
Umami Paris, des ingrédients japonais haut de gamme
Cette épicerie spécialisée dans les produits artisanaux de qualité se fournit directement auprès de petits producteurs japonais.
-
Quand la technique du plissé amène Issey Miyake à créer pour la danse
Le designer, qui s'est juré de libérer le vestiaire masculin et laisse ses mannequins défiler en dansant, a aussi créé pour la scène.