“Morning Glory”, corps dansant jusqu’au crépuscule

Le photographe mexicain Orlando Vega capture le cycle de vie de cette fleur prisée au Japon à travers un jeu de tissus et d'ombres.

01.10.2024

WordsRosa Martin

© Orlando Vega

On estime que l’asagao (nom japonais du volubilis) a été introduit au Japon depuis la Chine il y a environ 1 200 ans. La culture de cette fleur et la création de nouveaux hybrides ont prospéré à l’époque Edo, au point que sa popularité a inspiré la publication d’ouvrages illustrés tels que 朝顔三十六花撰 (Sélection de 36 Volubilis, 1854).

Ces fleurs en forme de trompette, aux couleurs vives, s’épanouissent dès les premières heures du jour, s’ouvrant généralement à l’aube pour se refermer et faner à l’arrivée du crépuscule. Fasciné par cette danse quotidienne, Orlando Vega a choisi de rendre hommage à cette fleur à travers une série de photographies intitulée Morning Glory: Ipomoea Cairica, prises en avril 2024 à Mexico.

Né dans l’État de Mexico en 1998, Orlando Vega commence son parcours photographique à l’âge de 14 ans. Alliant nature, mode et corps humain, il a collaboré à des projets de direction artistique et photographique pour MUBI Amérique latine, Calvin Klein, Prada, Valentino Beauty et Adidas, entre autres.

 

Lumière et mouvement, suspendus en noir et blanc

Ayant grandi au milieu des fleurs grâce à son grand-père, Orlando Vega est, depuis son plus jeune âge, sensible aux parallèles entre les cycles de vie, les formes et les textures des êtres humains et de la nature. Pour capter cette connexion, il a collaboré avec le danseur de ballet Edwin Said et le réalisateur Santiago Faci dans le cadre de ce projet.

Le décor de cette série photographique est l’escalier La Estela de Luz, un monument commémorant le bicentenaire de l’indépendance mexicaine. Dans cet espace monumental, le béton et la lumière créent un jeu d’ombres fascinant, que le photographe exploite en photographiant sous différents angles. Dans certaines des images, les ombres se transforment, grâce à un jeu visuel, en mouvements verticaux tendant vers le ciel.

Un vêtement de la collection Siluetas de JJ Rizo enveloppe le corps du danseur. À demi dissimulé, presque oublié sous le tissu, le corps devient la colonne vertébrale qui insuffle vie à la fleur. Bien que l’image du volubilis semble délicate, le contraste des noirs et des blancs dans les photographies insuffle une vitalité à ce rituel quotidien d’ouverture et de fermeture. L’ouverture, une explosion de vie et un désir d’embrasser le jour ; la fermeture, un moment de quiétude et de réflexion sur ce qui a été, peut-être un deuil de ce qui n’a pas été, accompagné du repos qui survient avec la nuit.

Pour le volubilis, la mort arrive en fin de journée ; pour nous, ce cycle se déroule chaque jour, chaque aube nous offrant la possibilité de rejouer cette danse avec un peu plus de grâce que la veille.

 

Les photographies d’Orlando Vega sont à retrouver sur son site internet ou sur son compte Instagram.

© Orlando Vega

© Orlando Vega

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© Orlando Vega