Nakamura Shido II, acteur punk du kabuki
Celui qui a fait une entorse à la tradition en endossant des rôles masculins au théâtre s'est aussi permis des incursions dans le cinéma.
© Creative Room MK
Fils aîné de Nakamura Shido I et petit-fils de Nakamura Tokizo III, deux stars du kabuki, Nakamura Shido II marche sur les pas de ses illustres prédécesseurs et impose son style, résolument contemporain.
Né en 1973, il monte pour la première fois sur les planches alors qu’il n’a que six ans pour tenter de maîtriser les subtilités de ce théâtre traditionnel très codifié mêlant jeu, chant et danse. C’est en jouant un rôle de servante qu’il se fait remarquer pour la première fois. Mais, plutôt que de satisfaire les désirs de sa famille qui le verrait bien marcher dans les pas de son grand-père — connu pour ses interprétations d’onnagata, des personnages féminins endossés par des hommes — il choisit de se spécialiser dans les personnages masculins. Une première entorse à la tradition qui veut que les acteurs de kabuki, formant des troupes familiales, perpétuent la spécialité de la maison, transmise de père en fils.
« En grandissant, ma taille et ma corpulence m’ont destiné aux rôles d’hommes, » explique-t-il dans une interview au quotidien français Le Monde. « Enfant, on apprend la danse traditionnelle et les rôles féminins. Si on sait interpréter des personnages de femmes, cela apporte une sensualité à la façon d’aborder les héros masculins ».
Cinéma et théâtre
Les débuts de la star restent toutefois fragiles, et alors que les rôles de premier plan en kabuki se font rares, le jeune homme participe à de nombreuses auditions pour des films et drames modernes, loin du traditionnel théâtre nippon. C’est peu avant ses trente ans que Nakamura Shido II commence à se faire connaître en tant qu’acteur de cinéma, sans pour autant délaisser le kabuki. Les rôles affluant, l’acteur met sa notoriété au service de cet art, afin de le faire connaître à un public plus large.
S’il souffre d’une image un peu surannée, le kabuki opère de nombreux changements. Ainsi, en 2016, Nakamura Shido II a joué dans Hanakurabe Senbonzakura, aux côtés de la chanteuse virtuelle humanoïde Hatsune Miku ou encore dans l’adaptation d’Une nuit de tempête, un livre pour enfants.
Moderniser le kabuki
« Le kabuki est populaire, rock, punk, et n’a pas attendu l’Occident pour le devenir. Il est normal aujourd’hui qu’il se retrouve à la télé, dans la mode… tout en conservant la beauté de la tradition japonaise », déclare l’acteur au journal Le Monde.
Le nouvel objectif de Nakamura Shido II ? Pousser le kabuki hors des murs des salles de théâtre classique japonais, dans des lieux plus alternatifs. L’acteur s’est donc produit en mai 2019, pour la pièce Onna Goroshi Abura no Jigoku, dans un entrepôt situé sur les bords du canal Keihin dans le quartier tokyoïte de Shinagawa, ou encore dans un club de musique live à Kabukicho, dans le quartier de Shinjuku. Des lieux qui tranchent avec le classicisme des salles de théâtre mais qui ne sont pas sans rappeler les débuts du kabuki, où les troupes se produisaient sur des scènes de fortune, en plein air.
Les dernières actualités de Nakamura Shido II sont à suivre sur son site internet.
© Shochiku
LES PLUS POPULAIRES
-
“Les herbes sauvages”, célébrer la nature en cuisine
Dans ce livre, le chef étoilé Hisao Nakahigashi revient sur ses souvenirs d’enfance, ses réflexions sur l’art de la cuisine et ses recettes.
-
Shunga, un art érotique admiré puis prohibé
Éminemment inventives, se distinguant par une sexualité libérée, ces estampes de la période Edo saisissent des moments d'intimité sur le vif.
-
Le périple enneigé d’un enfant parti retrouver son père
Le film muet “Takara, la nuit où j'ai nagé” suit un jeune garçon sur la route, seul dans un monde d'adultes qu'il a du mal à appréhender.
-
L'homme qui construisait des maisons dans les arbres
Takashi Kobayashi conçoit des cabanes aux formes multiples adaptées à leur environnement et avec un impact limité sur la nature.
-
Les illustrations calligraphiques d'Iñigo Gutierrez
Inspiré du “shodo”, la calligraphie japonaise, l'artiste espagnol établi à Tokyo retranscrit une certaine nostalgie au travers de ses oeuvres.