Seiu Ito et la Révolution du Bondage
Torture, violence théâtre et érotisme, c’est à partir de ces mots associés au bondage japonais que naît la création artistique de Seiu Ito.
‘Yomikiri Romance’, January 1953, Seiu Ito
Né en 1882 à Tokyo, Seiu Ito est l’un des artistes japonais les plus influents, célèbre pour son usage de l’art du kinbaku, la dimension artistico-érotique de l’attachement par les cordes. Alors qu’il pourrait être uniquement reconnu comme le « père du kinbaku moderne », Ito était également doué pour la peinture, dessinateur, métallurgiste, sculpteur. Il travailla également l’ivoire, et fut illustrateur et critique de presse à partir de 1907.
Le Kinbaku est apparu comme une évolution des méthodes de torture de la période Edo, associée aux pratiques du hojojutsu. Les criminels et prisonniers étaient liés avec des cordes et, encore aujourd’hui, certaines méthodes associées à cette technique sont enseignées aux policiers japonais. Seiu Ito est considéré comme celui qui a fait du kinbaku un art érotique.
Capturé, puis suspendu
L’artiste représentait des femmes attachées dans ses peintures et photographies, souvent en suspension. L’une des images les plus célèbres d’Ito voit sa deuxième femme, Kise Sahara, dont la grossesse était avancée, suspendue par les pieds dans Rinketsu Bijin Sakasa Tsuri no Shashin (Photo in Inverted Suspension of a Beautiful Woman in Her Last Month of Pregnancy). C’est à partir de 1920 que l’artiste a commencé à suspendre Sarah.
Seiu Ito expliquait avoir été inspiré par les scènes de torture dans le théâtre traditionnel. Son premier livre, publié en 1928, était intitulé Seme no Kenkyu – Research on Torture et en 1953 il lançait sa première troupe de théâtre, le Seme no Gekidan (Groupe de théâtre de torture).
Pendant les années 1930, le travail d’Ito était fortement censuré par les autorités, avant qu’en 1960, une année avant son décès, il soit autorisé à intégrer l’Association des Artistes Japonais. En 1977 sa femme fut le sujet du film Beauty’s Exotic Dance: Torture! du réalisateur Noboru Tanaka.
Seme no Kenkyu (1928) de Seiu Ito a été publié par Shinchosha, mais est aujourd’hui épuisé.
Left: ‘Suspension’ 1921, Seiu Ito, published Hentai Shiriou in 1926. Right: ‘Yomikiri Romance’, January 1953, Seiu Ito
‘Yomikiri Romance’, January 1953, Seiu Ito
‘Yomikiri Romance’, January 1953, Seiu Ito
‘Yomikiri Romance’, Seiu Ito
‘Yomikiri Romance’, Seiu Ito
‘Yomikiri Romance’, Seiu Ito
LES PLUS POPULAIRES
-
“Les herbes sauvages”, célébrer la nature en cuisine
Dans ce livre, le chef étoilé Hisao Nakahigashi revient sur ses souvenirs d’enfance, ses réflexions sur l’art de la cuisine et ses recettes.
-
Shunga, un art érotique admiré puis prohibé
Éminemment inventives, se distinguant par une sexualité libérée, ces estampes de la période Edo saisissent des moments d'intimité sur le vif.
-
Le périple enneigé d’un enfant parti retrouver son père
Le film muet “Takara, la nuit où j'ai nagé” suit un jeune garçon sur la route, seul dans un monde d'adultes qu'il a du mal à appréhender.
-
L'homme qui construisait des maisons dans les arbres
Takashi Kobayashi conçoit des cabanes aux formes multiples adaptées à leur environnement et avec un impact limité sur la nature.
-
Les illustrations calligraphiques d'Iñigo Gutierrez
Inspiré du “shodo”, la calligraphie japonaise, l'artiste espagnol établi à Tokyo retranscrit une certaine nostalgie au travers de ses oeuvres.