“Shimakage”, photographie onirique

Chieko Shiraishi livre dans cette série photographique l’essence de son travail : l’introspection et la poésie du noir et blanc.

27.09.2022

TexteClémence Leleu

© Chieko Shiraishi

Un phare qui éclaire par à-coups une plage recouverte de rochers, une forêt dense dont les lianes suspendues aux troncs donnent l’impression d’être plongé dans un film de Hayao Miyazaki, des tours bétonnées aux airs de chateau d’eau ou de tour de radio, ou encore un cétacé qui semble s’être échoué par on ne sait quel hasard dans un environnement urbain. Les tirages de la série Shimakage de la photographe Chieko Shiraishi capturent des situations qui, révélées par le bain noir et blanc, semblent appartenir à un monde flottant, empreint de poésie. 

Chieko Shiraishi est née en 1968 à Yokosuka, dans la préfecture de Kamakura. Après des études de photographie, elle s’oriente vers le tirage argentique avec développement en chambre noire, guidée notamment par Kazuo Kitai et Katsuhito Nakazato, spécialistes de la photographie urbaine. Ses oeuvres font partie des collections permanentes du Kiyosato Museum of Photographic Arts et de l’Ashikaga Museum of Art.

 

À l’ombre des îles

La photographe signe Shimakage, que l’on peut traduire par « l’ombre des îles », qui compile les divers voyages de l’artiste, principalement dans les villes côtières et ces chapelets de terre qui s’émiettent autour des îles principales de l’archipel. Son objectif a ainsi capturé les paysages à la frontière de l’urbain et du sauvage de Shingu, Kihoku Mie ou de Sakushima. 

Pour Shimakage, Chieko Shiraishi utilise une technique particulièrement en vogue chez les photographes japonais des années 1920 et 1930, le zokin-gake ou rag-wiping. Elle consiste, après un développement sur papier, à essuyer certaines sections avec un tissu gorgé d’huile et de médium, pour donner un aspect flou et velouté à l’image. 

Toujours dans cette exploration du développement en noir et blanc, Chieko Shiraishi a signé une autre série, Shikawatari qui donnait à voir son expérience du grand nord, dans les territoires enneigés de Hokkaido, avec notamment un voyage sur la piste d’un groupe de cerfs. 

 

Shimakage (2015), une série de photographies par Chieko Shiraishi éditée par Sokyusha.

© Chieko Shiraishi

© Chieko Shiraishi